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Nicolas Rey : “Je considérais l’attrape-coeurs comme un pote”

PARIS: NICOLAS REY Par Jean Philippe BALTEL

Dans le "Tu vas aimer" du mois, Cyril Jouison a interrogé l'écrivain Nicolas Rey. Ce dernier offre beaucoup de livres. Très différents, et plein d'humanité. Très souvent en fonction de la personne récipiendaire du cadeau. Résultat : une rencontre chaleureuse pleine d'entrain !

COUV La Marge D'erreur PL1HD(1)Au cœur de cette après-midi d’été, je compose ce numéro fixe. A l’autre bout du fil invisible, Nicolas Rey. L’auteur de La marge d’erreur (Au Diable Vauvert) nous guide pour ce voyage sensible, joyeux et profond. Une conversation simple et souriante autour de lectures, de mot, du livre et d’une riche sensibilité. Vous aussi, vous allez aimer…

« Avant notre conversation, j’ai réfléchi. J’ai dressé une liste (rires). J’ai donc envie de commencer avec le premier livre que j’ai considéré comme un pote quand j’étais adolescent. Quand je dormais, je le mettais sous mon oreiller. L’attrape-coeurs de JD Salinger est le premier livre que j’ai offert à mon fils de 16 ans. Dès les premières lignes, on a l’impression que ce n’est pas un bouquin mais que c’est un ami qui te parle. Salinger écrit : « Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c’est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d’enfance, et ce que faisaient mes parents avant de m’avoir, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j’ai pas envie de raconter ça et tout ». Et là, d’un seul coup, tu te dis : « voilà enfin un mec qui n’écrit pas pour faire joli ! » Et d’un seul coup, tu te dis « écrire, cela peut aussi ressembler à ça ! » Un livre peut être le plus beau truc du monde. Je l’ai justement offert à mon fils car il n’aime pas lire. Et je me suis dit : comme ce livre ne ressemble à aucun autre, il va l’aimer.

Je vais être clair. C’est peu dire que de dire que je ne crois pas en dieu. Pour moi, on va devenir ce qu’on était avant de naitre : à savoir… rien ! Une sorte de sommeil profond. Tout cela n’a aucun sens, on va tous crever dans d’atroces souffrances (rires). Et que nous reste-t-il au bout du compte ? Moi j’ai la chance d’avoir un garçon touché par la grâce. Alors, j’essaie de lui passer le relais. Cela passe par lui faire découvrir les livres et les films que j’ai aimés. Tous les mercredis soirs, avec lui, on se fait une soirée cinéclub. Nous avons regardé Le cercle des poètes disparus.

Quand je lui ai offert « l’attrape-cœurs », il m’a dit : « Je déteste lire mais pour toi je vais faire un effort avec celui-ci ». Alors je lui ai répondu : « mais ce n’est pas un livre ça » ! Pour moi, un livre est comme un compagnon.

Il y a des livres pour chaque type d'amis