Pour cette dernière chronique de 2018, à la veille de Noël, Florian Ferry-Puymoyen nous livre une BD en forme de conte de Noël. Avec des pilules bleues, un dessin profond, et une réflexion sur nos identités face à la vie et à la mort. Brillant.
Pour clôturer cette année de "BD de Toujours", je cherchais un conte de Noël. Une tradition que j’aime beaucoup. Une histoire qui met du baume au cœur et vous réchauffe alors qu’il faut bien se couvrir, dehors il fait si froid.
Voici le conte de Noël que je vous offre : Les Pilules bleues.
Et non messieurs (et mesdames !), il ne s’agit pas de Viagra. Pour les conseils de lecture coquine c’est plutôt du côté de Virginie Bégaudeau qu’il faut jeter un œil.
Les pilules bleues dans cette BD font référence à la trithérapie administrée sous forme de gélule habillée de bleu. Dans cette œuvre très personnelle, Frederik Peeters nous raconte son histoire d’amour avec Cati, atteinte d’un des fléaux du tournant du siècle : le VIH.
Un journal intime comme introspection
Cela commence par de courts flashbacks : lorsqu’il la vit pour la première fois (lui la trouva franchement belle), les quelques fois où ils se sont recroisés « au rythme des hasards organisés par la ville »…
L’auteur, Frederik Peeters, a 26 ans et entame sa carrière d’auteur de BD ; il a publié ses premiers albums en 1997/98, l’histoire de déroule en 2001.
Il rencontre Cati, dont la beauté naturelle le subjugue. Là où les comédies romantiques décrivent la danse de la séduction qui aboutit sur le « ils vécurent heureux », Frederik Peeters nous donne à voir l’après : la construction d’une relation.
Une relation qui ne connait pas la légèreté et la folie des débuts : l’insouciance se brise en entendant ces mots maudits « je suis séropositive… et mon fils aussi ». A partir de ce moment-là, Frederik Peeters écrit cet album au fil de l’eau, pour tenir ce qui n’était au départ qu’un journal intime : comment construire une relation amoureuse avec cette épée de Damoclès incarnée par le VIH ?
Ces interrogations ne sont pas des réflexions éthérées mais bien essentielles. Frederik Peeters ne cache pas ses moments de faiblesse, ses failles. Comme s’il s’agissait d’abord d’un travail pour lui et sur lui, cette introspection vise à procéder à une sorte d’examen de conscience ; il se permet d’ailleurs des digressions entre onirisme et réflexions philosophiques comme dans l’épisode du mammouth :
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