Ernestiens, Ernestiennes, en ce dimanche matin post-victoire du XV de France dans le « Crunch » pour « moment crucial » et tandis que les effluves de la Saint-Patrick guident encore l’esprit, terminer la semaine avec la sensation qu’au-delà d’un sport, le rugby, qui symbolise l’entraide et la fraternité, les secondes, les minutes, les heures, les jours, et les mois qui s’écoulent en ce moment constituent tous des « moments cruciaux ».
Crucial que la façon dont le monde, l’Europe, La France, et chacune et chacun se positionnent par rapport à l’Ukraine et à la Russie. Selon les attitudes choisies, des conséquences. Importantes. Cruciales, même. Qu’est-ce qui déterminera les attitudes collectives et individuelles ? Un ensemble de petites et de grandes choses. Dans son magistral « Aurais-je été bourreau ou résistant », Pierre Bayard écrit: « Cette capacité à sortir du cadre, qui n’est pas seulement un cadre administratif mais un cadre inconscient de pensée, permet d’inventer, par un véritable travail de création, des bifurcations qui ne se dessineraient pas en temps normal. En cela, il y a davantage ici qu’une échappée du cadre, il y a remaniement de l’ensemble de la réalité, un remaniement qui la fait apparaître comme différente de ce qu’elle était, puisque ouverte à des transformations invisibles jusqu’alors. »
Comme si la créativité des amoureux de l’art et de la littérature changeait la donne. Quelques pages plus loin : « A l’image de la situation dans laquelle ces hommes se sont trouvés, chaque vie est ainsi une succession de bifurcations, plus ou moins nettement visibles, qui dessinent devant nous une multitude d’itinéraires virtuels conduisant à des existences parallèles que nous ne connaîtrons pas, où nous aurions vécu d’autres expériences, fait d’autres rencontres, aimé ou haï d’autres gens. Et, où se seraient révélées peut-être d’autres personnalités potentielles que nous portons en nous et qui nous demeurent à jamais dissimulées.»
Comme si le moment crucial venait tendre un miroir et révéler ce que nous sommes collectivement comme individuellement. Moment crucial aussi que cette époque qui s’habitue à tout. Même aux fascistes qui se déguisent, et tentent de se dédiaboliser devant nos mines et nos esprits endormis. Se réveiller. Il est minuit, moins deux.
Le monde nous parle. Et nos intimités aussi. Trouver le chemin. Malraux : « L’espoir des hommes c’est leur raison de vivre et de mourir ». Crucial moment que nous vivons. Demain les historiens viendront s’y plonger. Ne pas se tromper.
Crucial aussi le moment pour votre média en ligne, Ernest, mais cela, nous en parlerons un autre dimanche.
Bon dimanche,