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Clair-obscur amical

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“Comme les disques de vinyle, notre mémoire a deux faces. La face A regorge des tubes du temps passé. Sur la face B sont gravées des mélodies discrètes et discordantes. » Années 1970, deux adolescents dépareillés dans une petite ville française. Zoran, d’origine croate, obsédé par les filles et les grosses cylindrées. Ponthus, timoré et petit-bourgeois. À cet âge on ne choisit pas ses amis. Les années filent sur les départementales de la vie. Ponthus part ; Zoran reste. D’un côté, la province spongieuse et rassurante ; de l’autre, Paris, désirée et redoutée. Faut-il s’engluer ou renaître ? Mais un lien unit les deux amis comme un fil électrique dénudé. Ponthus et Zoran ne se croisent plus que par hasard, irrémédiablement différents. Pourtant, ils partagent un secret. Roman de formation et des désillusions, Les Amis de passage exhume les détails et les frissons d’une amitié asymétrique. Le temps n’efface pas tout. Demeure tout ce qui nous lie, nous délie, nous relie”, voilà ce qu’indique la quatrième de couverture du nouveau livre de Philippe Ridet, ancien journaliste au Monde, romancier, amoureux de l’Italie. Dans ce nouveau roman au pitch qui pourrait sembler avoir déjà été lu, Ridet passe à la guillotine nos jeunesses, sa jeunesse, les jeunesses.

Mélancolie douce

Avec une écriture remplie de multiples fulgurances et un style qui attrape le lecteur pour ne plus le laisser partir jusqu’à la dernière page, Ridet part d’une photo qui fait remonter des souvenirs, ce que l’on laisse sur le chemin de la vie. Les lieux, les choses, les amis, les amours que l’on jette ou qui nous jettent. Zoran et Ponthus sont les deux adolescents de papier dont Ridet narre l’histoire. Sur les croisements, les parallèles, et les liens brisés. Comment ? Pourquoi alors que l’on croyait ce lien indestructible, il se délite, il disparaît ou au contraire confirme qu’il est là, et qu’il s’installe. A travers cette histoire d’amitié, Ridet interroge les vies, nos vies. Les choix, les non-choix. Toujours avec finesse, toujours avec justesse. Les mots sont lâchés toujours à bon escient dans une mélopée chaloupée qui ressemble à un sablier de mots qui raconte le temps qui passe. Émouvant, puissant, joli. A lire.

Philippe Ridet, “Amis de passage”, éditions des Équateurs

Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.

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