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Le hasard est beau

Le Livre Du Vendredi Twitter 1000x500(27)

Ce livre n’est pas sorti pour la rentrée littéraire. Et pourtant il faut le lire et ne pas passer à côté. Il dit la puissance de la littérature pour dire le réel. Ou la puissance du réel pour faire de la littérature. Bélhazar est un élève mystérieux, en décalage par rapport à ses camarades, mauvais élève mais à l’intelligence hors norme. Il meurt à dix-huit ans, en 2013, alors qu’il est arrêté par la police. S’est-il suicidé, est-ce une bavure ? Jérôme Chantreau fut son enseignant. Mi-journaliste, mi-romancier, il se plonge alors dans une enquête, sur les traces de cet élève, rencontre ses parents, découvre son univers déroutant. Comment cerner un inconnu ? Comment lui redonner vie par l’écriture ? Une malédiction semble entourer quiconque l’approche : les différents avocats de la famille ont disparu, dont le célèbre avocat Olivier Metzner, qui s’est suicidé, puis un autre avocat, Valentin Ribet, tué au Bataclan, enfin, un des policiers qui l’a arrêté s’est suicidé. Les faits sont réels mais si étonnants et si bien relatés que l’on est plongés aux limbes de la fiction.

Entre journalisme et littérature

L’ouvrage est propice aussi à une réflexion sur la création littéraire, ce qu’il faut de sacrifices pour mener à bien un livre. Chantreau nous livre ses doutes, ses renoncements, et cette phrase, si forte : « chaque livre demande un tribut. Je ne sais pas où est écrite cette loi, mais c’est pour loi une réalité, la création demande l’abandon de quelque chose de précieux pour donner vie aux personnages ». Le livre est le lauréat mérité de la première édition du Prix Jean Daniel, lancé en hommage au fondateur du Nouvel Observateur, un prix qui récompense un livre qui réconcilie le journalisme et la littérature. Celui-ci le fait de manière grandiose.

Jérôme Chantreau, Belhazar, j’ai lu

Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.

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