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Douleur et gloire

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Ce mois-ci, Tanguy Leclerc a voulu découvrir ce qui se cache derrière l'énigmatique couverture de Carnets Clandestins, le premier roman de Nicolás Giacobone. Sous ses airs de thriller, ce huis clos captivant se révèle une satire insolente du milieu du cinéma doublée d'une profonde réflexion sur la création et le génie.

Avez-vous une petite idée, chers abonnés, en lisant ces lignes, du nombre de corrections que j’ai apporté à cette chronique avant de vous la livrer ? Bien sûr je pourrais vous dire que je l’ai écrite telle quelle avec une insolente facilité tant j’ai été inspiré par la couverture de Carnets clandestins. Après tout, il s’agit d’un simple article qui n’a d’autre ambition que de vous faire partager mon coup de cœur. Rien d’insurmontable en soi. Mais l’honnêteté m’oblige à vous avouer que l’exercice s’est révélé plus laborieux qu’il n’y parait. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai frappé sur la touche « retour arrière » de mon clavier, ne serait-ce que pour accoucher d’une attaque qui me satisfasse.

Dans l’édition, on utilise l'expression biffer : action qui consiste à rayer ce qui est écrit. Ces ratures donnent un charme certain aux brouillons que les auteurs multiplient généralement avant de livrer la version définitive de leur manuscrit. Elles suscitent d'ailleurs la curiosité lorsque l’on tombe dessus : quels mots ont été supprimés ? Quelles phrases ont été jugées inadéquates ? Quels passages étaient bancals ? Le mystère qu’elles entretiennent autour d’un texte fait partie intégrante du processus de création. `

Capture D’écran 2022 05 05 à 17.56.55De mystère, la couverture de Carnets clandestins n’en manque pas, justement. La tête de mort que forment les lignes barrées sur la page qui sert d’illustration sonne comme un avertissement. Il se pourraient qu’elle dissimule une vérité qu’il n’est pas bon de découvrir. Un secret habilement dissimulé qui, inévitablement, suscite notre curiosité et excite notre imagination. Il se pourrait qu’elles trahissent également un tourment. Celui de l’auteur de ces carnets clandestins, visiblement au bord de la rupture.