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Pérégrinations d’un dimanche d’avril

John Towner 3Kv48NS4WUU Unsplash

Le rituel est immuable. Ce dimanche, comme les autres dimanches, chacune et chacun d’entre nous se livrera à ses petits rituels du dimanche. Les rituels, à la différence des habitudes, ont ceci de joli qu’ils remplissent une action volontaire, qu’ils sont choisis et qu’ils permettent de se repérer dans un espace temps. Ainsi donc, comme chaque dimanche, vos rituels choisis et aimés. Peut-être la lecture de cette missive en fait-elle partie…
Ce dernier dimanche d’avril 2022 a ceci de particulier qu’il convoque un autre de nos rituels. Un rituel collectif. Celui du vote. L’isoloir, le nom de famille écorché ou non, la question pour savoir si d’aventure vous êtes disponible pour le dépouillement et puis la signature, et le “A voté”. Aujourd’hui, n’oubliez pas d’ajouter ce rituel aux autres rituels dominicaux que vous aimez.
Peut-être qu’une fois que vous l’aurez accompli, s’il est tôt, passerez-vous la journée avec une forme d’angoisse. Une peur diffuse. Celle d’un accident de notre rituel commun. Justement parce que celui-ci serait devenu pour certains une habitude qu’il faut laisser tomber. Même si vous allez voter tardivement, la peur vous accompagnera tout au long de la journée.
Aussi, comme chez Ernest, les mêmes doutes, les mêmes peurs, et les mêmes interrogations sont là, voici une forme de pérégrination artistique à la recherche de la beauté qui aidera, espérons-le, à passer le cap.
Première escale. Des notes. Celles de Grégory Porter. Qui tout en douceur permettront de vivre une partie de ce dimanche sous forme d’un long et intense mouvement sensuel et doux.
Nouvelle escale. Cinématographique. “En corps”. Klapisch. Où dans un film joyeux et voluptueux trois choses ressortent : le besoin du collectif pour grandir soi-même, le mélange des corps que forme une compagnie de danse qui est, peut-être, l’une des illustrations de la phrase attribuée à Saint-Exupéry : “si tu diffères de moi, loin de me léser tu m’enrichis”, et aussi la façon dont l’art est essentiel à nos constructions et à nos reconstructions.

La troisième escale alors que la journée est encore longue jusqu’au rituel de 20H sera sans aucun doute remplie de mots. Ceux du “Fantôme d’Odessa”, ce roman graphique signé Camille de Toledo qui illustre à merveille le conflit ukrainien mais plus encore ce que le mot totalitarisme veut dire. Ceux, aussi d’Antonio Gramsci. “Je hais les indifférents. L’indifférence est apathie. Qui vit vraiment ne peut ne pas être citoyen et parti prenant. Pour moi vivre veut dire prendre parti“.

Peut-être la poésie de Dante viendra-t-elle aussi jusqu’à vous, chers amis. Souvenez-vous : aux portes de l’Enfer, Dante est assailli par les cris et pleurs de ceux arrivés là parce qu’à un moment critique de leur vie, ils ont refusé de prendre position : ce sont «les indolents». Exit les âmes pusillanimes. Même Lucifer n’en veut pas. Aussi, ils errent nus dans le vestibule de la Divine Comédie, piqués par des guêpes et des taons. Que celles et ceux qui font d’un rituel une habitude qu’ils veulent quitter méditent ce message. Heureusement, la journée ne sera pas encore terminée. Ils pourront, peut-être, retrouver les chemins du rituel.

20h sonnera. La saudade du dimanche sera là. Pour lutter contre celle-ci, il convient de se préparer un délicieux plats de pâtes. Un pesto maison est conseillé mais une belle sauce pomodoro peut très bien faire l’affaire.

 Pour que la saudade habituelle du dimanche soir ne soit pas, en ce 24 avril, accompagnée d’une saudade beaucoup plus grave, vous savez ce que vous avez à faire. Car, contre la saudade démocratique, les pâtes ne sont pas aussi efficaces.

Bon dimanche.

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