Encore une nouvelle pépite sur les genoux de Carole Zalberg. Elle nous en parle avec passion. Comme toujours.
Audrée Wilhelmy maitrise une forme de magie : celle de s’embarquer dans les corps et de nous y attirer en construisant un récit tendu entre réalisme et merveilleux. Réalistes, les descriptions au plus près des peaux des deux protagonistes, Daâ l’enfant sauvage, la graine de sorcière aussi libre que l’eau des torrents, féministe par essence, et Laure, l’albinos fils d’ouvrier devenu médecin, qui vont s’aimer malgré tout ce qui les oppose. Réaliste aussi l’évocation des exploitations minières dévorant jour après jour leur lot de main d’œuvre bon marché. Merveilleux l’intrication des mondes et des époques, le lien charnel entre Daâ et toutes les formes de vie, le savoir transmis aux enfants par l’étreinte.
Ébloui dès les premières lignes par une langue organique, poussant profond ses lianes d’images frappantes, de sonorités grinçantes ou cristallines, on ne lâche pas ce roman/épopée, ce roman d’amour et de révolte qui nous convoque et nous ébranle durablement, tant il semble à la fois faire œuvre de mémoire quant à un temps où nulle loi ne protégeait chair à labeur ou à canon, et prévenir contre les enfers écologiques, économiques, que l’avidité des humains ne cesse d’inventer.
Tous les coups de coeur de Carole Zalberg sont là.
