Les grands écrivains, ça ose tout. C’est à cela qu’on les reconnaît. Ernest vous a déjà dit à quel point l’auteur espagnol Javier Cercas était l’un des écrivains majeurs de ce 21è siècle. Cercas est un auteur qui cherche le mot juste, qui ausculte le passé et le présent pour tenter de dire le futur. Il ne se fourvoie jamais dans la facilité de personnages caricaturaux mais nous invite, toujours, à la découverte d’hommes et de femmes pétris de contradictions, de doutes et de failles. Des héros et des héroïnes qui sont humains, profondément humains. Cercas est de ces auteurs qui savent, par l’alternance des rythmes de phrases, envelopper les lecteurs dans un système pour les faire vivre au mieux le propos qu’il entend porter. Il faut lire tout Cercas. Et a fortiori son dernier roman “Terra Alta” qui vient de paraître chez Actes Sud.
Persistance du souvenir, noirceur humaine et recherche de la beauté
Dans ce roman, Cercas change tout. Il quitte – en apparence – l’histoire récente de l’Espagne pour plonger le lecteur dans l’Espagne d’aujourd’hui aux côtés de Melchor enquêteur élevé dans les bas-fond de Barcelone qui après avoir été délinquant est devenu policier. Voire même justicier. Il enquête sur le meurtre des Adell, une riche famille locale. Les ramifications sont partout. Il cherche la justice, il ne trouve que les compromissions. Il veut les faire cesser… L’abysse est là. Ce roman noir haletant, puissant, poétique et métaphysique est simplement fantastique en ce sens qu’il hante longtemps après que l’on ait terminé sa lecture. L’écriture de Cercas emporte dès les premiers mots. Passionné par les Misérables, Melchor/Cercas entraîne le lecteur dans une réflexion romanesque intense où se mêlent – comme toujours chez Cercas – noirceur humaine, persistance du souvenir et recherche de la lumière, malgré tout. C’est beau, intense et d’une puissance littéraire rare. A ne pas manquer !
Terra Alta, Javier Cercas, Actes Sud, 22,50 euros.
Tous les livres du vendredi d’Ernest sont là.
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