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Florent Brayard : “Cette édition critique de Mein Kampf est un outil de connaissance”

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L’actualité de cette semaine est marquée par la sortie d’un livre qui n’est ni un roman, ni un essai, ni une pièce de théâtre. Le 2 juin 2021 a été rendu disponible au public français un ouvrage hors norme : une édition critique et historique de « Mein Kampf », publiée chez Fayard, par une équipe franco-allemande d’historiens. Ernest a choisi d’interroger Florent Brayard, historien et chercheur au CNRS, qui a consacré ses cinq dernières années à travailler sur ce projet. Les conditions de publication et de sortie de cet ouvrage méritaient des explications détaillées. C’est dans la chaleur parisienne que nous retrouvons Florent Brayard dans les locaux de l’EHESS, boulevard Raspail, pour un long entretien.

Entretien réalisé par Frédéric Potier et David Medioni

Quelle est la genèse de ce gros volume intitulé « Historiciser le mal » ?

Brayardquotidien1Florent Brayard : Le projet a été lancé en 2011 par Olivier Nora chez Fayard, avec une première équipe. Puis la maison d’édition a connu de nombreux bouleversements et c’est finalement à Sophie de Closets, devenue PDG de la maison d’édition, qu’est échue en 2015 la responsabilité de décider s’il fallait poursuivre ou non le projet. La traduction commandée à Olivier Mannoni était arrivée, mais le dispositif scientifique était défaillant. C’est à ce moment-là que j’ai été approché pour concevoir ce dispositif scientifique et diriger l’équipe. Si j’ai accepté, c’est que je suis historien du nazisme et de la Shoah, un sujet sur lequel je travaille depuis trente ans, et que les historiens fondent leurs travaux sur des sources, qu’ils analysent, qu’ils travaillent. Or, « Mein Kampf » est une source fondamentale pour l’Histoire du 20e siècle : le livre de Hitler apporte beaucoup à la compréhension du nazisme et des logiques idéologiques qui ont, par exemple, présidé à la Shoah. Il me semblait impératif d’en élaborer une édition critique rigoureuse à destination des historiens, des enseignants et formateurs, des étudiants. Pour autant, on ne pouvait réaliser cette édition que dans des conditions spécifiques.

Lesquelles ?

Florent Brayard : D’abord que cela ne soit pas une opération commerciale – et je me réjouis que Fayard ait trouvé un dispositif permettant d’éviter d’avoir des piles de ce livre en librairie, puisqu’il sera disponible uniquement à la commande. Deuxièmement, il était dès l’origine prévu que ce ne serait pas non plus une opération lucrative, et grâce à Serge Klarsfeld, c’est à la Fondation Auschwitz-Birkenau, en charge de la préservation des camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz, que seront reversés les droits d’auteurs et l’intégralité des bénéfices. Ensuite, il fallait que ce soit un projet impeccable d’un point de vue scientifique et la condition pour y parvenir, c’était de bénéficier d’une autonomie absolue, ce qui a été le cas. J’ai donc pu constituer une équipe scientifique solide, rassemblant une dizaine d’historiens et germanistes remarquables, qui se sont engagés pendant cinq ans. D’autres nous ont rejoints de manière plus ponctuelle. Et de nombreux collègues ont été sollicités pour relire des introductions.

Côté français, le projet a donc fédéré une quarantaine de personnes, évidemment à des degrés divers. C’était une équipe très variée : il y a des historiens, des germanistes, des historiens du nazisme, de la Shoah, de l’histoire des juifs, des hommes, des femmes, des Français et des Allemands. J’ajoute que nous avons également bénéficié des conseils et de l’expertise d’un comité scientifique international de six membres. Enfin, nous avons également sollicité et obtenu le soutien de différentes institutions publiques de recherche (EHESS, IHAP, CNRS…), comme on le fait ordinairement pour des entreprises scientifiques de cette ampleur.

“Le nazisme est un suprémacisme aryen”

Au cours de ces années, vous avez eu de multiples occasions de présenter votre projet. Comment a-t-il été accueilli ?

Florent Brayard : Très bien, à chaque fois du moins que nous avons pu exposer posément nos buts, notre démarche et les moyens mobilisés pour y parvenir. Il est naturel, voire même très sain, qu’un tel projet suscite des interrogations, en particulier en dehors des milieux scientifiques. Mais les éventuelles préventions tombaient quand nos interlocuteurs prenaient la mesure de l’exigence qui a été la nôtre. J’espère qu’à présent qu’Historiciser le mal existe, toutes ces inquiétudes se trouveront dissipées. Après tout, il ne fait pas moins de 3,7 kg : on ne peut nous soupçonner d’avoir manqué de sérieux.

Pourquoi avoir décidé de consacrer autant de temps et d’énergie à une telle entreprise ?

Florent Brayard : Il y a plusieurs composantes dans mon engagement. Je suis par exemple fonctionnaire, j’ai la chance IMG 4528d’être chercheur au CNRS. Et ma conception du service public est de contribuer à la constitution et à la diffusion du savoir au bénéfice du plus grand nombre. Or Historiciser le mal est bel et bien un outil de connaissance. Notre édition critique permettra au lecteur intéressé d’apprendre beaucoup sur la genèse du nazisme, de déconstruire cette idéologie perverse et de mesurer, si besoin était, ses conséquences monstrueuses sur l’Europe entière. Elle vient, je crois, combler une lacune manifeste. Car, pouvait-on sérieusement se satisfaire de ce que la seule édition en circulation de ce livre qui, historiquement, a joué un si grand rôle soit l’édition de 1934, mal traduite et sans accompagnement historique véritable ? Jusqu’à présent, c’était elle qu’on pouvait commander chez les libraires ou trouver en un clic sur internet.

Mais ma résolution était sans doute accompagnée confusément d’une sorte d’espoir secret, plus personnel : celui qu’en étant contraint de travailler aussi lentement, aussi précisément, aussi longtemps, sur le livre de Hitler, qui est à la fois confus et répulsif, je le comprenne mieux, c’est-à-dire que je parvienne à mieux pénétrer les ressorts complexes de cette « vision du monde » meurtrière. Et c’est bel et bien ce qui s’est passé – et non seulement pour moi, mais aussi pour les collègues qui m’ont accompagné dans cette entreprise hors norme. Notre vision du nazisme s’est trouvée approfondie par la fréquentation si intense de cette source. Nous avons par exemple été surpris par la diversité et l’ampleur du « système idéologique » hitlérien. On trouve dans cet ouvrage plus d’annonces des futures pratiques étatiques nazies que nous ne l’avions pensé au départ. Mais il y a un autre aspect, qui est en apparence contradictoire : nous avons pu également mesurer – de manière beaucoup plus précise puisqu’il nous fallait tout commenter – la bêtise incommensurable de cette idéologie. On pourrait formuler les choses de la manière suivante : le nazisme constitue un système idéologique fonctionnel, mais il est délirant parce qu’il repose sur des postulats radicalement faux.

« Historiciser le mal » est un livre colossal dans lequel les notes fourmillent, et dans lequel vous avez ajouté de multiples informations, pourquoi ce choix d’un objet aussi massif ?

Florent Brayard : Ce livre est effectivement énorme, car en réalité il en rassemble trois sous la même couverture. Il y a d’abord une nouvelle traduction intégrale de « Mein Kampf » réalisée par Olivier Mannoni en collaboration avec l’équipe. Le principe que nous avons choisi a été de rendre, en français, le style maladroit, amphigourique, obsessionnel de l’auteur, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il était meilleur tribun qu’écrivain. N’oublions pas à cet égard qu’il était autodidacte. Nous ne voulions pas que le style si médiocre et pénible de Hitler se trouve amélioré en passant d’une langue à l’autre, comme c’était le cas avec l’édition historique de 1934. Au final, la lecture de notre traduction française sera aussi inconfortable que l’est la lecture de l’original pour un Allemand d’aujourd’hui. L’établissement de cette nouvelle traduction a été le résultat d’un long travail d’équipe, avec Olivier Mannoni. Ce premier livre, la nouvelle traduction, fait 700 pages.

IMG 4533Ensuite, nous avons établi un appareil critique très conséquent : chaque énoncé de Hitler est commenté sur la même page. C’est le deuxième livre qui, composé d’environ 2800 notes, est d’une longueur équivalente. Ici, nous avons eu la chance de pouvoir conclure un partenariat avec l’Institut für Zeitgeschichte de Munich qui nous a autorisé à adapter l’appareil critique réalisé pour leur édition de 2016. La sortie de cet ouvrage a attiré une attention médiatique exceptionnelle, et il faut y voir un hommage à la formidable qualité du travail réalisé par nos collègues allemands. Nous avons donc traduit et réécrit ce monument d’érudition et d’intelligence à destination de notre public, en ajoutant quand cela était nécessaire, un certain nombre de précisions complémentaires. On pourrait décrire ce travail comme un transfert de connaissance, d’une rive du Rhin à l’autre : il fallait beaucoup d’humilité, mais aussi beaucoup de minutie. J’espère que le résultat est satisfaisant : en tout cas, nous avons beaucoup appris de nos collègues allemands.

Enfin, le troisième livre est constitué d’une très longue introduction générale, reprise et amplifiée de nos collègues allemands, et des 27 introduction de chapitres. Nous avons en effet considéré comme relevant de notre responsabilité d’accompagner le lecteur plus loin, d’où la rédaction de ces introductions de chapitre qui guident et arment intellectuellement le lecteur avant de découvrir la prose de Hitler. L’ensemble des introductions fait environ 700 pages également. Il est probable qu’après avoir essayé de lire « Mein Kampf » dans le texte, le lecteur décidera de se rabattre sur elles et nous espérons qu’il pourra en tirer beaucoup.

Qu’avez-vous appris de plus que ce que vous ne saviez déjà ? Certains historiens arguent que cela ne servait pas à grand-chose de faire cette édition critique car tout était déjà connu sur le nazisme…

Florent Brayard : Deux aspects. Le texte de Hitler, publié il y a presque cent ans, n’est de fait pas un scoop, même s’il surprendra dans la traduction que nous avons proposée. À l’inverse, l’appareil critique et les introductions apportent une quantité phénoménale d’informations, dont certaines sont très peu connues ou totalement inédites. Historiciser le mal permettra donc par exemple au lecteur de découvrir que Hitler avait développé, dès 1922-1923, des phantasmes génocidaires à l’encontre des Juifs. Il les a explicités en particulier dans une interview donnée le 23 novembre 1923, le jour même de son coup d’État raté. Il a en effet confié à deux journalistes catalans que « tuer tous les juifs en une nuit » serait « la meilleure solution », en précisant tout de même qu’il la considérait comme « impossible ». Cette interview avait été publiée dès 1923 dans un journal espagnol, mais il a fallu cent ans pour qu’on en ait connaissance et qu’elle nous force donc à repenser la question complexe de l’intentionnalité génocidaire.

Vous insistez sur l’utilité de ce transfert de connaissance et sur le souci pédagogique qui a présidé à cette entreprise, et pourtant, la commercialisation de l’ouvrage est pour le moins singulière : pas de piles en librairies, disponibilité sur commandes, prix élevé de 100 euros…. N’est-ce pas un frein à la transmission du savoir, justement ?

Florent Brayard : Entreprendre une édition de « Mein Kampf », même scientifique, c’est être sûr d’être critiqué, quoi que Baryardquotidien3l’on fasse. Nous avons pris un certain nombre de décisions en toute responsabilité. Si nous avions choisi de faire un livre moins cher, distribué très largement, jusque dans les points culture des supermarchés, nous aurions été critiqués de manière plus virulente encore, mais pour des motifs inverses. Nous avons donc cherché à trouver le dispositif qui nous semblait le plus juste, et le mieux proportionné à cet objet éditorial précis : une édition érudite et critique d’un texte historique, qui se trouve être mythifié dans la culture populaire. Telle est la raison de ce dispositif totalement anti-commercial imaginé par Fayard, à qui il faut rendre hommage pour avoir su faire l’inverse de ce que fait habituellement une maison d’édition commerciale.

Dans le même ordre d’idée, il est exceptionnel qu’une maison d’édition réserve un dixième du tirage pour offrir Historiciser le mal aux bibliothèques, en particulier universitaires et de recherche, qui en font la demande. Cela représente tout de même 1000 exemplaires ! Enfin, à terme, nous allons sans doute proposer, en collaboration avec l’Institut für Zeitgeschichte de Munich une version online de notre édition critique. Ce sera une manière de souligner la filiation entre nos deux entreprises, puisque nos deux éditions seraient rendues accessibles sur le même site. La personne intéressée disposera ainsi de trois canaux distincts, dont deux non commerciaux, pour prendre connaissance de notre ouvrage. Ceci étant dit, j’avoue m’inquiéter un peu pour les lecteurs qui voudront lire les 700 pages de traduction, les 700 pages de notes et les 700 pages de texte sur leur écran d’ordinateur…

“C’était pour nous particulièrement troublant de passer notre temps à corriger les mensonges et les erreurs de Hitler au moment même où le fact-checking s’imposait dans les plus grandes démocraties comme le meilleur moyen pour lutter contre les fake news et la démagogie”

IMG 4532Comment avez-vous choisi le titre « Historiciser le mal » ?

Florent Brayard : Le choix du titre est une prérogative de l’éditeur, qui a souhaité attirer l’attention sur le travail historique réalisé, plutôt que de la focaliser sur le « nom de marque » qu’est Mein Kampf. Après tout, les deux tiers du texte ont été rédigés par l’équipe scientifique, pas par Hitler. C’était le bon choix, même si trouver le bon titre était compliqué. Celui finalement retenu me convient doublement : il revendique le rôle de l’historien en plaidant pour une historicisation ; il fait du nazisme l’incarnation absolue du mal. J’adhère absolument à ces deux postulats.

Nos collègues allemands ont contourné le problème d’une autre manière en faisant de Hitler, non pas l’auteur du livre, mais un mot du titre : Hitler, Mein Kampf, avec pour sous-titre Eine kritische Edition. J’assume donc notre choix, mais naturellement, il peut, comme tout autre, être critiqué. Et encore une fois, avec un tel livre, aucun titre jamais ne saurait satisfaire tout le monde.

On est souvent tenté d’établir des parallèles entre les années 30 et aujourd’hui. Est-ce que vous avez eu cette tentation au fil de ces cinq années de travail sur Mein Kampf ?

Florent Brayard : Hitler était un leader populiste. Nous constatons, partout dans le monde, et jusque dans les plus vieilles démocraties, le retour du populisme. Pour autant, faire des analogies entre Hitler et Trump ou Bolsonaro n’a pas de sens. Mais je dois dire que c’était pour nous particulièrement troublant de passer notre temps à corriger les mensonges et les erreurs de Hitler au moment même où le fact-checking s’imposait dans les plus grandes démocraties comme le meilleur moyen pour lutter contre les fake news et la démagogie. Il y avait là comme un écho, et il est inquiétant. Espérons que nous parviendrons bientôt à rétablir un régime de vérité largement partagé, parce que c’est l’une des garanties des sociétés démocratiques.

En économie, on dit souvent que la mauvaise monnaie chasse la bonne. Est-ce que vous pensez que cette édition critique va chasser les éditions qui circulent aujourd’hui, notamment en ligne publiées par des personnalités d’extrême droite ?

Florent Brayard : J’ai souvent pensé à cette maxime, avec l’espoir que notre « bonne » édition de Mein Kampf – « bonne » parce qu’elle emprunte la seule forme appropriée, celle d’une édition critique – puisse chasser les « mauvaises », dans le commerce et sur internet. Ce que je crois, malheureusement, c’est que cela prendra du temps. J’espère qu’en librairie, Historiciser le mal sera plus vendu que l’édition fautive de 1934, malgré l’écart de prix en notre défaveur. Mais le problème d’internet reste entier. C’est la raison pour laquelle, comme je l’ai dit, nous prévoyons à terme une version online. Nous aurons alors fait un deuxième grand pas dans la bonne direction. Mais il est bien certain que les anciennes éditions, non commentées, continueront à circuler, car je ne vois pas les lecteurs néo-nazis ou d’extrême droite se précipiter sur notre coûteuse édition, qui critique leur héros, Hitler, avec un mélange inédit de minutie et de virulence.

La version de 1934, disponible sur Internet depuis des années, est d’ailleurs particulière…IMG 4531

Florent Brayard : Très particulière, oui, même si l’histoire en est bien connue. C’est un éditeur nationaliste, à la fois antisémite et antiallemand, qui s’est lancé dans une traduction intégrale pirate du livre de Hitler. Paradoxalement, il a alors été soutenu par la Lica : par d’importants préachats, cet ancêtre de la LICRA a permis d’équlibrer financièrement l’opération. Le but de la Lica d’alors était d’utiliser cette édition intégrale pour alerter les élites politiques et intellectuelles française contre le danger représenté par Hitler, en particulier du fait de son hostilité haineuse à l’encontre de la France mais aussi en raison de ses positions antisémites radicales. Cette édition a été attaquée en 1935 par Hitler sur la base de la violation de sa propriété littéraire, et il a obtenu gain de cause !

Elle fut alors distribuée sous le manteau, puis plus ouvertement et plus largement après la guerre. En 1979, la LICRA, dont Robert Badinter était l’avocat, a cette fois attaqué l’éditeur, rebaptisé en Nouvelles éditions latines, pour imposer une mise en garde. Elle a gagné et c’est la raison pour laquelle chaque exemplaire imprimé de l’ouvrage est depuis lors précédé de 8 pages de mise en garde, rappelant en particulier les crimes nazis. Cette édition est encore très vendue : 70 000 exemplaires depuis 2003. On peut donc dire que cette édition « historique » a constitué, par défaut, l’édition de référence pendant presque un siècle. C’est d’autant plus regrettable qu’elle est très médiocre et problématique : il n’y pas d’accompagnement d’historien, pas d’analyses, de commentaires, de rectifications ; et la traduction est très datée et fautive, puisqu’elle améliore, comme on avait l’habitude de le faire à l’époque, le texte de Hitler. Tout l’inverse donc de ce que nous avons voulu faire !

A la fin de la « résistible ascension d’Arturo Ui », il y a cette phrase « Il est encore fécond le ventre d’où surgit la bête immonde »… Diriez-vous qu’il est encore fécond aujourd’hui ?

Florent Brayard : Le nazisme en tant que tel, tel qu’il est apparu au début des années vingt pour s’effondrer en 1945, a vécu. L’énormité des crimes auxquels il a conduit suffit à le déconsidérer radicalement. Il n’est pas possible de sous-estimer l’importance de cette séquence historique : depuis Auschwitz, l’humanité a ni plus ni moins changé la manière dont elle se perçoit elle-même. Il n’y aura donc jamais de renouveau nazi sous une forme « pure ». En revanche, certaines composantes du nazisme sont toujours à l’œuvre, malheureusement. On observe ainsi, y compris dans les sociétés occidentales, une recrudescence de l’antisémitisme, qui alarme au plus haut point. Par ailleurs, travailler sur « Mein Kampf » m’a permis de mieux mesurer l’importance d’un autre ressort de l’idéologie nazie, ce que j’appellerais son « suprémacisme aryen ». C’est à la fois parfaitement ridicule – puisque cela présuppose que tous les progrès de l’humanité depuis les temps immémoriaux résulteraient de l’action des « aryens » – et tout à fait criminel. Or ce suprémacisme, « aryen » ou « blanc », on voit bien quels crimes sont commis aujourd’hui en son nom et quel danger il représente pour l’avenir. Je crois, je veux croire qu’Historiciser le mal offre des armes intellectuelles pour lutter contre ces deux fléaux.

Photos DM ou capture d’écran de l’émission Quotidien.

Tous les essais d’Ernest sont là.

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