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Marceline Loridan-Ivens, la fureur de vivre

Ernest Mag Marceline Inter

Marceline Loridan-Ivens est morte. Soyons digne de son message. Transmettons la mémoire.

Ernest Mag Pas RevenuMardi 18 septembre, Marceline Loridan-Ivens est partie. La veille de Kippour. Marceline Loridan-Ivens avait été déportée avec son père à Auschwitz-Birkenau.  Ils avaient été dénoncés par des voisins. Elle a survécu. Pas lui. Elle s’était liée d’amitié avec Simone Veil qui était dans le même convoi qu’elle. Elle a été cinéaste et militante de gauche. Passionnément. Pendant de longues années, elle fut aussi une militante incessante de la mémoire. Pour que l’on oublie jamais. Pour être passeur de l’horreur, mais aussi de l’humanité.

En 2015, avec l’aide de la journaliste Judith Perrignon, Marceline Loridan-Ivens a publié une lettre à son papa, mort à Auschwitz. Le livre s’appelle “Et tu n’es pas revenu”. C’est un livre d’une intensité rare. Proche de celle de Primo Levi dans “Si c’est un homme“. Marceline Loridan-Ivens – matricule 78750 – raconte ce que furent ces moments inimaginables passés à être déshumanisée complètement par les barbares humains nazis. Son livre est parfois insoutenable, mais il est aussi d’une immense beauté. Dans l’énergie qu’il dégage de la force de vie qui habitait Marceline.

Marceline n’est plus. Marceline est partie. Peut-être a-t-elle retrouvé son papa, qui sait ? Ce qui est certain c’est qu’il est de notre devoir de citoyen de reprendre le flambeau de la mémoire. Pour faire en sorte que l’on oublie jamais et que l’on transmette toujours cette histoire. “Et tu n’es pas revenu” démarre sur ces mots : “J’ai été quelqu’un de gai, tu sais, malgré ce qui nous est arrivé. Gaie à notre façon, pour se venger d’être triste et rire quand même. Les gens aimaient ça de moi. Mais je change. Ce n’est pas de l’amertume, je ne suis pas amère. C’est comme si je n’étais déjà plus là. J’écoute la radio, les informations, je sais ce qui se passe et j’en ai souvent peur”. C’est cette peur qui lui avait donné la rage d’écrire ce livre. Cette peur qu’elle disait avec des mots d’une force rare à Patrick Cohen sur France Inter quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo.

Pour rendre hommage à Marceline Loridan-Ivens, une seule solution : être dignes de son message. Devenir des passeurs de mémoire. Et pouvoir répondre à Marceline qui se demandait à la fin de ce livre si cela avait servi à quelque de revenir des camps. Elle ne savait pas répondre à cette question. Apportons la preuve qu’elle nous a transmis la réponse. Oui Marceline votre message était essentiel. Nous le transmettrons.

Ce poème de Yehuda Amichaï, grand poète juif intitulé “Fenêtres et tombes” nous y invite.

Ernest Mag Amichai

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