3 min

Persépolis est de retour !

Capture D’écran 2022 09 24 À 16.44.29

Dans les nouvelles qui sont mauvaises d’où qu’elles viennent, dans les soubresauts du monde, il y a parfois de la lumière. Entre les menaces nucléaires, les référendums dictatoriaux, et l’arrivée probable de l’extrême droite néofasciste au pouvoir dans le pays de Dante, il y a un immense espoir qui se lève. Un espoir que l’on attendait plus. Un espoir qui oblige, un espoir admirable. De ceux qui donnent foi dans notre Humanité. Cet espoir a un prénom : Masha. Et un nom : Amini. Morte pour un voile mal ajusté, tuée par la police des mœurs de Téhéran. Depuis cet événement, un mouvement s’est levé. Les femmes d’Iran brûlent leurs voilent dans une danse de la joie magnifique, encouragées par des foules immenses. Le régime corrompu, dictatorial, obscurantiste des mollahs qui aime tant brûler les livres – comme ceux de Salman Rushdie – est aujourd’hui contraint de voir la multitude brûler ce symbole archaïque de domination qu’il impose aux femmes et qu’il veut imposer au monde. Un autodafé de voiles. Voilà le seul autodafé qui devrait être autorisé.

En voyant ces femmes refuser que l’on décide ce qu’elles doivent être et prendre ainsi leur courage à deux mains pour engendrer un mouvement de libération en Iran, un mois à peine, après la tentative d’assassinat de Rushdie, on pourrait presque croire à un châtiment divin contre les inhumains qui oppressent et défigurent cet immense pays de culture depuis tant d’années.

Le visage de Masha, mais aussi ceux de Ghazale Chelavi, de Hananeh Kia, de Mesha Mogoi, mortes également, tuées par la police de Téhéran représentent désormais des visages de la lutte pour la liberté, de la lutte pour l’émancipation, de la fringale de vie qui pousse les hommes et les femmes à ne pas accepter leur sort et à se révolter. Ces femmes sont des héroïnes. Demain, elles seront dans des romans qui raconteront cette libération.
Dans son célèbre Persepolis, Marjane Satrapi qui a fuit l’Iran avec la révolution islamique de 1979 raconte la bêtise de ce régime où la religion imbécile régit tout. Outre le passage hilarant dans lequel elle narre le jour où elle a été arrêtée parce qu’elle courait pour attraper son bus. On lui reprocha de courir parce que ses fesses faisaient un “mouvement”, ce à quoi elle répliqua, en substance, que si l’on ne voulait pas voir les mouvements de son cul, il ne fallait pas le regarder. Il y a aussi un passage puissant qui résonne avec l’actuel mouvement de libération en Iran.

“Écoute, je n’aime pas te faire la morale mais je vais te donner un conseil qui te servira à jamais : dans la vie, tu rencontreras beaucoup de cons. S’ils te blessent, dis toi que c’est la bêtise qui les pousse à te faire du mal. Ça t’évitera de répondre à leurs méchancetés . Car il n’y a rien de pire au monde que l’amertume et la vengeance. Reste toujours digne et intègre à toi-même”, écrit-elle. Reste fidèle à toi-même. Et si les femmes iraniennes étaient justement fidèles à l’histoire de leur pays, la Perse, et plus largement fidèles à leur désir profond de liberté ?

En regardant les images de ce qui se passe actuellement en Iran, l’envie de se replonger dans les “Lettres persanes” de Montesquieu est venue. L’histoire est connue, Montesquieu signe un roman épistolaire où Usbeck et Rica deux amis persans s’écrivent afin de regarder les tribulations de l’absolutisme monarchique français. Au travers de ces lettres, Montesquieu démonte le fonctionnement du pouvoir absolu, l’emprise de la religion et tout ce qui caractérise l’ancien régime. Il s’en prend notamment à l’Église et à la hiérarchie ecclésiastique. “Une vieille idole qu’on encense par habitude”, écrit-il dans la lettre 29 quand les querelles et interdits dogmatiques sont présentés dans plusieurs lettres comme “absurdes”. Un mot que pourraient aujourd’hui employer les Iraniennes et les Iraniens.

Dans son livre “Les enfants de minuit” qui se passe en Inde et interroge sur la façon dont il est possible ou non de s’extraire d’une histoire dont on ne veut plus, Rusdhie donne des clés de l’espoir : “Chaque nuage est bordé d’or”. Le nuage, que dis-je la tempête permanente de la révolution islamique était, malgré le gris, lui aussi bordé d’or. L’or du courage de ces femmes et de ces hommes qui se lèvent. Un or éclatant. Un or dont il nous appartient d’être dignes. Un or qui, c’est certain, nous inspirera.

Bon dimanche les amis,

PS : Ernest a besoin de vous. En cette rentrée, réabonnez-vous ou invitez-vos ami(e)s à nous rejoindre. Par là.

1 commentaire

Laisser un commentaire