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Le sens de la fête

Michael Discenza MxfcoxycH Y Unsplash

Vos paupières sont lourdes, vous avez l’esprit embrumé. A côté de vous dort – peut-être – quelqu’un ou quelqu’une que vous connaissez à peine ou que vous aimez depuis des années mais avec qui vous avez passé du bon temps en rentrant de chez Pierre. Décidément, cette soirée c’était quelque chose. Elle a démarré sans crier gare. Une vingtaine de présents. C’est au moment où Simon a décidé – comme une envie de pisser – de se mettre à faire des Gin Tonic que l’on pourrait situer l’instant de basculement.
A moins que ce ne soit un peu plus tôt. Quand chaque conversation quelque soit le sujet, sérieux ou léger, conduisait inévitablement à des fous rires et à des vannes. Ou alors était-ce encore avant. A ce moment où chacun et chacune avant d’arriver s’était un peu apprêté. Avait choisi la tenue qui ferait soit jaser, soit rigoler, soit s’extasier devant tant d’élégance. A ce moment où chacun et chacune durant la semaine et a fortiori durant la longue et interminable journée du vendredi s’était demandé si cela valait vraiment le coup de sortir le lendemain et s’il ne vaudrait pas mieux se reposer. Mais où chacun et chacune avait décidé de venir. Voir les potes, boire quelques verres et rentrer pas tard. C’est donc bien au moment des Gin To que cela s’était emballé. Ou alors à cet instant quasi concomitant avec le Gin où Julien s’était lancé dans une imitation de Johnny Halliday allumant le feu accompagné de Joanna. Tout le monde s’était alors levé d’un coup. Marie avait monté le son de la musique quand Mika s’installait aux platines. Vincent, Sylvain, Fred, Aurélien, Eve et Noé avaient chauffé la piste en rigolant. Florian s’était mis, comme toujours, torse poil. Et c’était parti !

Comme quand les amoureux de la fête se reconnaissent entre eux. Tout le monde avait alors lâché prise. Les refrains de nombreuses chansons avaient été entonnés ou “massacrés” c’est selon. Mais tout cela faisait du bien. Cela permettait d’oublier les difficultés passagères avec le boss, la température pas toujours élevée de sa relation de couple, de chasser les mauvaises intuitions quant à la santé des parents, ou les soucis de collège de l’aîné. On y repenserait le lendemain. Le salon de Pierre était devenu le temple de la fête, les rites étaient les déhanchés de chacune et de chacun, les signes de reconnaissance étaient le sourire, et la gaité. Cela malgré les difficultés. La fête d’hier était une clé de voûte pour nous tous.

Alors que vous vous éveillez à peine, vous vous souvenez des sourires échangés avec unetelle, de la discussion inattendue vers 3h du matin avec Caroline autour du buffet alors que la fringale habituelle vous gagnait. Vous vous souvenez également de ce rock endiablé dansé avec Jérémie. Vous avez aimé cette soirée improvisée. Cet instant où “l’exubérance est beauté” et où finalement on décide d’ouvrir l’accès à un souterrain et d’y entrer avec le sourire. Hier soir, vous avez fait la fête pleinement, vous avez cessé de penser à demain ; vous vous êtes donnés entièrement à elle, oubliant le temps social et vous laissant aller à ce temps particulier de la nuit sans vous soucier de la raison. Fini le “Tiens déjà 3h15 du matin”. Vous vous êtes amusé, vous avez dansé, vous avez aussi refait un peu le monde, la gauche et la République. Vous êtes partis repus. Convaincus à nouveau de la solidité et de l’importance des amitiés et des amours présentes hier. Repus donc, mais avec une banane réelle. Avec du désir.

Remplis d’une fringale de vie qui vous plaît et qui vous a permis de chasser – le temps d’un slow ou d’un paquito – les tourments du quotidien.
 Évidemment nous sommes dimanche matin et de fête, hier, il n’y a pas eu. Peut-être est-ce pour cela que le quotidien nous paraît un peu lourd en ce moment. Peut-être est-ce pour cela que votre application de streaming favorite vous a envoyé un message : “Votre playlist “soirées” n’a pas été écoutée depuis six mois. Elle ne vous plait plus ?”.

Peut-être est-ce pour cela que vous vous sentez en osmose avec Freud. Oui, Freud. Oncle Sigmund avait une théorie : “la fête est un excès permis, voire ordonné”. Vous vous levez du lit. Vous vous dîtes que c’est pour bientôt. Vous souriez et vous chaloupez quelques pas de danse. La prochaine fête vous attend. La prochaine fête nous attend. Pour l’instant, nous les imaginons. Elles sont belles et pleines d’entrain. Faire la fête c’est mettre l’imagination au pouvoir. En ce moment, nous y sommes. Je ne vous raconte pas les fêtes que nous ferons demain !

L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)

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