2 min

Terrestre beauté

Johannes Plenio R

Rude semaine. Alors que les commémorations du 13 Novembre 2015 s’annonçaient et se préparaient, dimanche dernier dans une manifestation à Paris, des petites filles ont été affublées par des leaders politiques d’une étoile jaune avec un croissant musulman. Cela pour insinuer que les musulmans d’aujourd’hui sont les juifs de 1940… Imbécilité et indécence quand tu nous tiens. Dans cette même manifestation, trois jours avant la commémoration du 13 novembre où 130 personnes ont été assassinées au cri de « Allah Akhbar », plusieurs milliers de personnes ont repris ce cri. On imagine les réactions si un prêtre évangéliste était monté sur un camion pour faire entonner à la foule de Paris « Loué soit Dieu »… Encore une fois ces manifestants sont venus pour hystériser notre République, pour la malmener et finalement pour l’abattre.

Il fallait l’écrire, il faut le dire et protester toujours. Mais aujourd’hui, alors que le dimanche matin est en train d’éclore, l’envie est de vous emmener ailleurs. Vous inviter à partir en voyage littéraire et philosophique avec Delphine Horvilleur dans l’entretien qu’elle nous a accordé. Vous inviter, simplement à respirer un peu, à sortir enfin d’un débat public complètement nauséabond et phagocyté par celles et ceux qui crient le plus fort.  Impossible ? Pas si sûr… Enlevez vos chaussures, prenez un fauteuil, comme dit la chanson d’Offspring.

Vous y êtes  ? Et si ensemble, nous regardions la beauté du monde ? La capacité humaine toujours plus grande à  innover, à tendre toujours vers une forme de progression, plus que de progrès. Et si, nous nous arrêtions, ensemble, un instant sur la beauté d’une couleur (le bleu en l’occurrence, on en parlait ici). Et si nous nous posions, un instant, un tout petit instant, la question du « que se passerait-il si nous n’avions plus de téléphone, de chaînes infos en continu, de réseaux sociaux etc…

James Ellroy, invité de France Inter cette semaine l’a fait. A une heure de grande écoute. Qu’a-t-il dit ? « Je n’ai ni portable, ni ordinateur, et alors ? Toute personne qui veut m’appeler peut attendre que je rentre à la maison, j’ai un répondeur téléphonique. Ainsi,  je peux conduire dans Denver, écouter Beethoven sur mon autoradio sans que les gens ne me fassent chier ». Ça peut – de prime abord – paraître réactionnaire. Ça l’est, un peu. Mais au fond, que fait Ellroy si ce n’est nous inviter à savourer, un peu la beauté terrestre ou à savoir s’immerger à nouveau dans la magie d’une symphonie de Beethoven ou d’un air de jazz ? Il nous invite à sortir du cadre. A nous laisser porter par la beauté de la terre, et des arts. A nous laisser prendre par les mots. Ceux de Baudelaire ? Une strophe inédite du poème « Les Bijoux » dans les Fleurs du mal  vient d’être retrouvée. Elle souligne la joie de l’abandon à la « terrestre beauté »

Et je fus plein alors de cette Vérité :
Que le meilleur trésor que Dieu garde au Génie
Est de connaître à fond la terrestre Beauté
Pour en faire jaillir le Rythme et l’harmonie.

Nous y sommes. Connaître et ressentir à fond la beauté pour retrouver le rythme et l’harmonie. Bon dimanche.

Les éditos paraissent d’abord, chaque dimanche, dans l’Ernestine notre lettre d’inspirations dominicale, inscrivez-vous, c’est gratuit. Puis ils sont tous publiés ici.

Laisser un commentaire