Une bédéthèque idéale qui donne à voir les atouts majeurs de cet art sans Manu Larcenet n'aurait pas été complète. Florian Ferry-Puymoyen nous fait découvrir ou redécouvrir Le "Combat Ordinaire". Comme vous ne l'avez jamais lu.
Dès les prémices de cette rubrique des « BD de toujours », je voulais absolument vous parler de Manu Larcenet, à mes yeux un des plus grands de la BD. C’est un auteur prolixe, avec des univers variés, dont le style est en évolution constante. Mais quel album choisir ? Le Rapport de Brodeck pour la puissance graphique ? Sa collaboration à la série d’heroic fantasy parodique Donjon ? Dallas cowboy pour le travail autobiographique ?
Mon choix s’est donc porté sur le Combat ordinaire. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’une BD accessible à tous et ces chroniques ont précisément l’ambition de faire découvrir la richesse de cet art à un public de « non spécialistes ».
Plus fondamentalement, cette série en quatre tomes me semble une excellente introduction à l’univers de Manu Larcenet. Avec le Combat ordinaire, Manu Larcenet produit une œuvre syncrétique de son univers : l’humour à la Fluide glacial, la noirceur de ses œuvres chez Les Rêveurs et même le besoin d’en découdre avec certains artistes ou critiques comme dans Critixman.
Le « retour à la terre »…
Marco est un grand reporter usé par les scènes de guerre et autres massacres, il ne supporte plus de « photographier des cadavres exotiques ou des gens en passe de le devenir ».
Grâce à l’argent gagné lors de ses dernières publications, il décide de changer de vie : lui, le francilien, s’installe à la campagne ; le fils revisite sa relation à son père, en fin de vie, diminué par plusieurs attaques cardiaques.
A vrai dire, le changement n’est pas le mot juste, tant Marco revendique avec une certaine fierté « je ne veux rien que je n’aie déjà... tout va très bien, merci. C’est quand les choses changent que ça m’emmerde ». Aussi, cette installation à la campagne ressemble plutôt à une retraite, comme on parle de se mettre en retrait.
A moins qu’il ne s’agisse d’une fuite ? Comme le souligne son frère, Marco parle de s’éloigner sans savoir de quoi il s’éloigne, pas plus qu’il ne sait vraiment ce qu’il recherche. Alors il papillonne, perd son temps à regarder son chat qui guette une souris, trainasse mollement allongé par terre.
Confit de certitudes, sur ce qui est juste, sur ses parents, sur la politique, Marco entretient un rapport immature à la vie, il ne veut garder que les choses qui le maintiennent dans son confort : la relation avec Emilie oui, mais sans engagement. Oui pour les discussions avec Gilbert, « un petit vieux gentil qui ramasse les mûres et pêche le brochet », mais non à son passé noir et honteux. Oui pour retrouver Bastounet, ce copain d’enfance mais non à l’électeur du Front National.
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