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Non, la “jeunesse” n’est pas un sous-genre !

Ben White 148435

Notre libraire-chroniqueuse, Sonia Petit, est de retour. Ce mois-ci, Sonia est énervée. Enervée contre le snobisme qui conduit à traiter les livres dit "jeunesse" comme un sous genre. Il n'en est rien et Sonia nous explique pourquoi. A la fin de cette chronique, vous ne mettrez plus le mot "jeunesse" après le mot "littérature" !

Surprise. En lisant le Livres Hebdo du 23 Juin, je vois dans la sélection des premiers romans, celui de Timothée de Fombelle, « Neverland » qui sortira le 30 Août (L’Iconoclaste). Pourtant, dans la présentation de son nouveau livre, on nous prévient qu’il n’est pas un petit nouveau, car il a déjà écrit des romans. Ah, mais alors pourquoi donc est-il dans une sélection de premier roman, vous demandez-vous à juste titre ? Oui, pourquoi ? Je me pose la même question… Bien sûr, il a écrit des romans mais des romans à destination de la JEUNESSE. Il a écrit des romans JEUNESSE, c’est un auteur JEUNESSE. Et dans ce même article, on nous indique même que ce sont des « best-sellers internationaux », rien que ça. Dans chaque rayon Jeunesse, petit ou grand, vous trouverez « Tobie Lolness » (Gallimard Jeunesse), ou "Vango"(Gallimard Jeunesse). Et chaque libraire a conseillé au moins une fois ces romans. Je l’ai moi-même fait un nombre incalculable de fois, et toujours avec un vrai plaisir !

Je suis donc passée de la surprise à de l’irritation. Voilà que si on accole le mot, ce gros mot, JEUNESSE à un mot à si forte stature, ROMAN, on lui enlève cette si belle stature. C’est la même chose si on place Auteur à côté de JEUNESSE. Avec  «Neverland », Timothée de Fombelle signe donc un roman. Il ne viendrait à l'idée de personne d'ajouter "Vieillesse" ou "Adulte". Comme si les romans pour ados ne pouvaient pas être simplement des romans, ils ont besoin de qualificatifs, pour montrer qu’ils ne sont pas destinés à tout le monde, et surtout pas aux adultes. Mais. Mais, moi j’en lis des romans ados, des romans jeunes adultes, et même des romans de premières lectures. Moi, une adulte. Certains pourraient me répondre que c’est pour le travail. Mais la vérité est bien différente, j’ai choisi la Jeunesse, car j’aimais en lire, et en conseiller. Et voilà que lire des romans Jeunesse peut être un plaisir, un réel plaisir, pour une personne de plus de 20, 30 ans…Une vraie révolution, n’est-ce pas !