Haut lieu de la Résistance durant de la Seconde guerre mondiale, le massif du Vercors est une terre de martyrs. Les différentes batailles et notamment le terrible assaut du maquis par la Wehrmarcht en juillet 1944, ont coûté 600 tués aux combattants et 200 aux civils. Ces héros tombés pour la France ont participé à la construction du grand récit national d’après-guerre. Un récit malgré tout entaché par l’épuration extra-judiciaire qui a sévi partout sur le territoire à l’issue du conflit. De cette période trouble restent des règlements de compte odieux et des vengeances arbitraires qui entraîna la mort d’environ 9 000 personnes, dont un tiers par des résistants.
Comment concilier justice et mémoire des martyrs tombés pour la France ?
C’est dans ce contexte de tension extrême que François Médéline installe l’action de son roman La sacrifiée du Vercors. Un récit inspiré de sa propre histoire familiale que l’auteur conduit le temps d’une seule journée, celle du 10 septembre 1944, dans les pas d’un commissaire de police et d’une jeune photographe de guerre américaine qui enquêtent sur le meurtre de la fille d’une famille de résistants, sauvagement tondue et violée. Médéline interroge avec talent la figure du héros d’un style incisif et heurté, fidèle aux contreforts arides du massif montagneux qui tient lieu de décors à l’enquête. Flic, maquisards, FFI sortis de l’ombre, coupable idéal et villageois endeuillés s’affrontent dans les cendres encore fumantes de la Libération autour d’une question insoluble : comment concilier justice et mémoire des martyrs tombés pour le pays ? En 175 pages, Médéline explore les forces et faiblesses de l’âme humaine en décrivant des personnages complexes, contradictoires et forcément imparfaits. Une expérience de lecture captivante.
“La sacrifiée du Vercors“, François Médéline, éditions 10/18.