“On œuvre pour la France”. La formule pourrait paraître pompeuse, elle est pourtant profondément sincère. La passion du service public, l’abnégation, la volonté de bien faire et d’être à la hauteur de la tâche, le travail de l’ombre, l’humilité, l’authenticité… autant de valeurs et d’attitudes qui irriguent le livre d’Emery Doligé et Sacha Goldberger “Les Invisibles de l’Elysée”, qui vient de paraître au Presses de la Cité. Dans cet ouvrage qui mêle photographies en noir et blanc, comme dans un clair-obscur, et textes empathiques et ciselés, les deux auteurs emmènent le lecteur dans les coulisses du 55 rue du Faubourg Saint-Honoré,où sis le palais de l’Élysée. La démarche n’est pas de donner à voir les coulisses du pouvoir avec les conseillers du Président, mais au contraire de de raconter toutes celles et tous ceux qui assurent la continuité de l’État, qui sont au service de la France et de son Président. Quel qu’il soit.
Portraits de France
C’est là tout l’intérêt de ce livre rempli d’une humanité forte dans le regard posé sur ces “invisibles de l’Élysée”. Comme dans une maïeutique, Doligé raconte les parcours, les hasards de la vie qui a souvent amené ces trente personnages à venir travailler au service du Président. Doligé parvient à saisir les fiertés et les fragilités. Il narre avec une écriture fluide les parcours. Par exemple, celui de Lun-Yi Hsing, pâtissier du Château, né à Taïwan, arrivé à Grenoble, avant de partir à Poitiers pour faire une école de pâtisserie. Pour valider son diplôme, il doit faire un stage. Il postule à l’Élysée sur les conseils d’un professeur. Avec CV, lettre de motivation, et photos de ses gâteaux. Il devient stagiaire. Après ses horaires, il reste plus longtemps, et fait des pâtisseries. Son talent commence à être connu dans Paris tant et si bien qu’Eric Fréchon veut le débaucher. Qu’à ce que cela ne tienne, il est promu chef pâtissier. Histoire extraordinaire ? Peut-être. Elles le sont toutes. Et ces portraits des invisibles sont remplis de ces inattendus fous, de cette capacité à regarder l’Autre dans ce qu’il est véritablement.
L’autre atout du livre est de dessiner un portrait puissant, fort et beau de la France au travers des invisibles qui président à la marche de son palais présidentiel. Au moment de refermer le livre, une certitude : un pays qui est capable de donner ces chances là, n’est pas complètement sur la mauvaise pente. Les invisibles de l’Élysée, mais plus largement de la société, sont des piliers de notre République.
Les invisibles de l’Elysée, Emery Doligé, Sacha Goldberger, Les Presses de la Cité, 24 euros
Tous les vendredis lecture d’Ernest sont là.
