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L’appel de la liberté

Cal Avent #13 Bis

Le roman d’apprentissage est une figure imposée en parcours scolaire, on l’étudie souvent avant de l’apprécier. Pour toute une génération, Candide est ainsi une épreuve du baccalauréat avant toute considération philosophique ou littéraire. Chemin faisant, on y revient pourtant, trouvant dans ce genre un intérêt que notre prime jeunesse ignorait de toute sa superbe. Pour beaucoup, Martin Eden de l’immense Jack London constitue pareil déclic. Je n’échappe pas à la règle : offert par un ami à qui je dois nombre de coups de cœur, le chef-d’œuvre de London fut mon compagnon inoubliable lors d’un voyage en Jordanie. Or, depuis cette révélation, je craignais ne pouvoir m’enthousiasmer pour un autre roman d’apprentissage ; mais c’était ne pas connaître L’art de la joie de Goliarda Sapienza.

Serait-ce lui faire déshonneur que d’y trouver le pendant féminin de ma passion londonienne ? Car, dans mon panthéon littéraire, Modesta est devenue la sœur inattendue de Martin. Je précise que cette inclinaison à les comparer, peut-être abusivement, tient à ma difficulté à mettre les mots sur la déflagration qu’est L’art de la joie. En effet, dans ce livre – roman, conte ou souvenirs ? – on y traverse une vie, un siècle, un pays, mesurant ce que l’intime comporte d’universel, avec l’étrange sensation de vieillir au fil des pages. Plus que la joie, c’est le souffle de la liberté qui nous emporte de la première à la dernière page, avec la puissance d’un Sirocco sur une plage sicilienne. C’est beau, c’est brut, c’est vertigineux. Et, à défaut de l’étudier en classe – sûrement serait-ce trop tôt –, il faut de toute urgence le lire, l’offrir, en parler.

“L’art de la joie”, Goliarda Sapienza, Le Tripode

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