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La bamboche n’est pas morte

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Cette semaine, Frédéric Potier nous parle de l’essai de Jérémie Peltier, notre chroniqueur, “la fête est finie ?” paru aux Éditions de l’Observatoire. Dans ce livre virevoltant dans lequel vous retrouverez la verve de Jérémie que vous lisez ici régulièrement, il s’interroge sur la place de la fête dans nos vies. C’est frais, intelligent et drôle.

Alors là les amis, on va pas se mentir, on est vraiment très contents de voir de « notre » Jérémie prendre la plume tout seul comme un grand pour aborder un enjeu de société majeur : la fête.

Si vous avez aimé les chroniques déglinguées de Jérémie Peltier publiées ici sur Ernest, vous allez adorer son essai percutant à la fois vachard et généreux. Car il y a du Muray (Philippe, pas Bill, quoique…) chez cet homme. Une capacité unique à saisir la décrépitude morale de notre époque sous ses airs faussement joyeux et bienveillants. Cette fameuse société du ricanement qui humilie et distingue plus qu’elle ne rassemble dans la joie.

Pour cela, mon sympathique collègue et néanmoins ami, s’arme d’outils puissants que sont les enquêtes d’opinion du précieux François Kraus de l’IFOP, de la littérature moderne (Wilde, Sagan, Maupassant, Bataille, Musset, Giono, Tesson – excusez du peu !) et de la musique (si on considère qu’Orelsan chante – j’ouvre le débat). Peltier va puiser dans le meilleur de la culture populaire française (celle de Piaf, de Bourvil, de Greco) mais aussi de la sociologie (on croise Lipovetsky, Bourdieu) pour dénoncer l’instagramisation de la fête. C’est une banalité que de dire que la fête ne se vit plus, elle se photographie, se filme, se diffuse. La fête est partout… et donc nulle part ! Vous refusez un petit « after » avec les collègues ou un ping-pong entre la photocopieuse et la fontaine à eau, boum !, vous vous retrouvez dans la catégorie des agents à problème. Un « happyness officer » va débarquer dans votre bureau (si vous en avez encore un).

“Debout les fêtards de la terre”

Peltier CouvDans le même temps, Jérémie Peltier pointe un paradoxe : la fiesta est partout, mais les lieux de fête ferment les uns après les autres. Finis les night club et autres Macumba (on y danse plus tous les soirs, c’est clair). Abandonnés les bals populaires de nos villages. Désormais, la fête s’est recroquevillée à la maison, entre l’écran plat, le canapé et l’enceinte Bluetooth. À la limite, elle s’étend jusqu’à la terrasse et au barbecue. Sous l’effet d’une inflation tarifaire scandaleuse et d’une crise sanitaire sans précédent, la fête a été cantonnée (confinée ?) au domicile. Tout cela est évidemment bien triste, dans l’indifférence générale. « Si personne n’a défendu la fête durant la pandémie, c’est que la population française s’est accoutumée à la disparition de la fête depuis fort longtemps » résume l’auteur en observateur averti des tendances sociétales.

Pour autant, l’auteur prend la précaution d’adjoindre un point d’interrogation au titre de son essai « La fête est finie ? » et il a bien raison. Il ne faut pas désespérer les fêtards que nous avons été et que nous serons peut-être demain. Des foyers de résistance existent, plus ou moins tapis dans l’ombre : les ferias du sud-ouest, les rooftops des grandes métropoles urbaines, les lieux éphémères vintage, les plages, les berges des canaux, les brasseries artisanales (Poke @Bapbap)…

Chers amis, chers lecteurs, Jérémie Peltier vous lance un appel, une supplication, une espérance ! Debout les fêtards de la terre ! Allez, un peu de légèreté, d’humanité et de générosité ! Relevez la tête et les épaules ! Éteignez les instruments de torture numérique (oui c’est possible), et commencez à bouger en rythme. A sourire à vos voisins. Soyons courageux, tentons même une poignée de mains voire une bise, et pourquoi un baiser (pour les vaccinés et pass-sanitarisés) ! Face à Narcisse, Dionysos n’a pas encore dit son dernier mot. La fête est un combat. Livrons le !

“La fête est finie ?”, Jérémie Peltier, éditions de l’Observatoire, 16 euros.

Tous les essais transformés sont là.

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