Depuis qu’il a lu ce livre, Jean Casel est sur un petit nuage. C’est la somme totale et ultime qu’il attendait sur celui qu’il considère comme l’un des plus grands artistes du 20è siècle : Monsieur David Bowie ! Un livre qui se lit comme un roman.
Enfin ! Tout ce que avez toujours voulu savoir sur David Jones – l’un des plus grands artistes du 20è siècle – plus connu sous le nom de David Bowie. Tout au long de sa vie il a su se retrancher derrière différents personnages tantôt grimé en Major Tom, en Ziggy Stardust, ou en Aladdin Sane ou en Thin White Duke. Une façon pour lui de dire qu’il n’était pas qu’un simple musicien mais un artiste complet capable d’allier à la fois la musique, le théâtre, le mime et la mise en scène. Ces diverses facettes font de Bowie un personnage complexe que cette biographie tente de percer avec réussite. Cela grâce à des interviews de très nombreuses personnes de sont entourage. Ainsi, dans une chronologie linéaire nous vivons la naissance et l’enfance dans le Londres de l’immédiate après guerre, puis son départ à Los Angeles, avant Berlin et dans les années 90 son exil définitif à New York où il restera jusqu’à sa mort.
Les entretiens ont ceci de passionnants qu’ils sont à la fois datés du moment où ils ont eu lieu, mais aussi d’une nouvelle actualité puisque l’auteur a été retrouver le plus grand nombre de protagonistes possibles. C’est justement ces entretiens récents qui donnent tout son intérêt à cette biographie et qui permettent de comprendre en profondeur le parcours et l’évolution de David Bowie. Dans la description minutieuse de l’homme Bowie, on trouve des clés pour comprendre l’artiste protéiforme. Le foisonnement du Londres des années 60 est remarquablement décrit. Nous assistons véritablement à l’éclosion d’une génération de musiciens qui va s’approprier le monde, Bowie voulant en prendre la tête. C’est aussi tout l’intérêt de ce livre. De dresser un portrait sans complaisances. Sans faire silence sur les addictions de Bowie : sexe, drogue etc… On ausculte aussi la façon dont il pouvait avoir la capacité de s’accaparer le talent des autres avec leur bénédiction. Cela dans un but unique : devenir une rockstar en utilisant toutes les palettes de son savoir faire multiple : musique, mode, différences des genres qui lui permettaient d’être toujours à l’avant garde. Paradoxalement, il conservera jusqu’au bout une amitié indéfectible avec tous les amis qu’ils l’ont aidé à devenir le Bowie que nous connaissons.
L’histoire détaillée et forte d’un artiste qui venait d’ailleurs
Après des débuts plus ou moins compliqués, il va connaître grâce aux succès des albums Hunky Dory et surtout Ziggy Stardust. Cela va l’entraîner dans le New York underground des années 70 entre Lou Reed et Andy Warhol. Commence ainsi une période où ses albums vont précédé les modes : le discofunk grâce à Young Americans, ou l’électro-pop avec sa trilogie berlinoise. Le disque qui va définitivement le faire accéder au statut de star c’est Let’s Dance au début des années 80. Bowie accomplit tout cela, mais aussi une carrière cinématographique de premier plan en parallèle. Toujours pour diversifier son art.
Arrivent alors les années 2000, et la biographie continue d’être passionnante, nous dévoilant le Bowie (moins raconté) de ces années là. Toujours aussi créatif, le livre met en exergue avec force l’impact puissant qu’il a sur le monde de l’art et de son influence globale. Après une longue d’éloignement dû à la maladie et surtout à l’envie de concrétiser une vie plus familiale et personnelle, il laisse un dernier opus, “Blackstar”, sorte de requiem testamentaire où il met en scène sa propre mort qui le place éternellement au milieu des étoiles. La boucle est bouclée. Il nous reste cette phrase prémonitoire de la sage femme qui le mit au monde, citée dans le livre : “cet enfant est déjà venu sur cette terre avant ce jour”. Pour ma part, je dirais simplement qu’il venait d’ailleurs.
“David Bowie : a life. Dylan Jones. Editions Ring.”
Le clip de Blackstar