Ce qu’il y a de bien avec les critiques littéraires autoproclamés et avec les Twittos ou autres qui les soutiennent, c’est que l’on peut toujours se marrer. Mieux, ils ne sont jamais avares de postures pathétiques et fausses pour faire parler d’eux et pour gonfler leurs egos boursoufflés.
Ainsi, Pierre Jourde a cru bon dans son blog du Nouvel Observateur de se payer Gérard Collard de La Griffe Noire. En gros, selon Jourde, Gérard Collard est coupable car il a invité dans sa librairie, Patrick Sébastien, samedi 7 octobre. Coupable d’avoir donc fait venir de nombreuses personnes dans une librairie, un samedi après-midi. Puissante argumentation.
Il est également coupable d’avoir dit un jour que le lecteur s’ennuierait moins en lisant le dernier livre de Guillaume Musso que le dernier livre de Milan Kundera. Il est aussi coupable de voler à la rescousse d’auteurs déjà vendus.
Bien. Alors faisons un travail de journaliste, mot que Pierre Jourde ne connait visiblement pas.
Qui a sorti de l’oubli Bernard Prou, auteur édité à compte d’auteur et aujourd’hui en livre de Poche ?
Qui a lancé en France Luca Di Fulvio cet auteur italien de fantastiques sagas dont les lecteurs raffolent ?
Qui a fait découvrir Jean D’Aillon, Nadine Monfils, Paul Vacca, RJ Ellory, Franck Thilliez et tant d’autres ?
Qui a imaginé avec son équipe la création d’un salon du livre de poche dans lequel se côtoient des auteurs chevronnés et des auteurs inconnus ? Des people et d’autres. Qui a imaginé ce lieu où finalement Ken Follet, Hélène Carrère d’Encausse, Yasmina Khadra, Jean d’Ormesson, ou encore Jonathan Coe peuvent côtoyer les nouvelles reines du polars français, ou de jeunes auteurs prometteurs qui vendent des livres mais que Jourde n’a pas lus et dont il n’a surement jamais entendu parlé ?
Qui a imaginé ce lieu où les gens (environ 30 000 sur deux jours) repartent avec une grosse dizaine de livres et avec le sourire ?
Pierre Jourde ou Gérard Collard ?
Jourde insulte les lecteurs et se comporte en élite bien pensante
Qu’a fait Pierre Jourde pour les livres dans sa vie ? Un livre excellent dans lequel il déversait son fiel sur la littérature française sans estomac. D’ailleurs, ce livre, un homme en avait fait des tonnes à la télévision alors que très peu de titres de presse et de médias s’en étaient fait l’écho. Je vous laisse deviner qui.
A ce moment là, Jourde n’était pas blogueur associé à l’Obs. Il avait trouvé Gérard Collard courageux de défendre ainsi son propos.
Nous voici donc, peut-être, au cœur de la différence. La différence entre un homme -qui malgré ses excès – est un passionné, un défenseur des livres, des auteurs et surtout du plaisir de lire. Un homme qui dit la vérité aux lecteurs. Et un autre qui, au fond, en élite, déteste le peuple. Il pense que lire des auteurs qui se vendent est une infamie. Mieux vaut rester entre nous. Gens de bonne compagnie qui jamais n’iront mélanger Musso avec Proust.
D’ailleurs, les défenseurs de Jourde (voir capture d’écran ci-dessus) accusent Collard de « populisme ». CQFD. Au fond ce qui dérange Jourde et ses acolytes, c’est bel et bien que l’on peut aimer Musso et Proust. Lire les deux. Et ne pas en tirer une quelconque supériorité. Comme on peut aimer le football et les livres.
Pour l’esprit étroit de Jourde, si on aime Proust, on ne peut rien aimer d’autres. Pour l’esprit étroit de Pierre Jourde, si on est amateur de littérature. Vraiment. On ne peut pas dire qu’un livre que les gens lisent déjà est bien. Ce que ces gens là ne supportent pas, c’est le décloisonnement des genres, c’est le mélange des envies et des plaisirs. Restons cloisonnés car nous savons, nous, quelle est la bonne culture autorisée. Voilà le message de Jourde et de ses acolytes.
Au fond, une question demeure : à quoi sert Pierre Jourde ?