Ce sont des notes de musique qui résonnent a capella dans une salle de concert envoutée, C’est une Marseillaise pleine d’entrain dans un stade rempli comme un oeuf, c’est la simplicité et la beauté d’une histoire d’amour qui dure même si on ne veut pas l’appeler ainsi, c’est un rayon de soleil matinal sur la terrasse d’un café. C’est un peu de tout cela. C’est aussi une forme de caresse. C’est une chose mal vue dans le monde de brutes dans lequel on vit. Autorité, autorité, autorité, brutalité, brutalité, bestialité. Comme si l’espace public, mais aussi plus largement notre quotidien ne faisait plus aucune place
Dans son recueil Vivante, Clara Ysé écrit : « Brûle, aime et sois patiente, mon ange. » Injonction poétique résonne comme un appel à embrasser la douceur et la patience dans un monde souvent brutal. Ses mots, empreints de délicatesse et de vérité, nous rappellent que la douceur est un acte de résistance face à la violence ambiante.
La douceur, loin d’être une simple caresse, est une force tranquille capable de fissurer les murailles les plus solides. La philosophe Anne Dufourmantelle, dans son ouvrage Éloge du risque, souligne que « la douceur est courage », affirmant que choisir la tendresse face à la rudesse est un geste d’une audace folle. Être doux, ce n’est pas fuir le monde, c’est le prendre à bras-le-corps avec humanité, refusant de répondre à la violence par la violence, offrant un chemin alternatif là où tout semble perdu.
Cette idée prend une résonance particulière lorsque Clara Ysé chante ou écrit. Dans Océano Nox son album, sa poésie et ses mélodies incarnent cette puissance fragile, presque mystique, qui invite à respirer autrement. Ses mots et sa voix enveloppent, comme une couverture contre le froid, mais aussi comme un souffle neuf capable de réanimer une flamme vacillante.
Le monde nous pousse souvent à croire que la douceur est un luxe futile, un caprice d’âme sensible.
Mais que dire alors de ce slogan publicitaire, inscrit dans nos imaginaires depuis des décennies : « Quelques grammes de douceur dans un monde de brutes » ? La réclame de Lindt, avec ses carrés de chocolat fondant, a su capter une vérité universelle : même le plus petit geste de douceur a le pouvoir de transformer. Qui n’a jamais ressenti cette pause fugace mais précieuse, ce moment où la rudesse du quotidien s’efface devant un simple carré de douceur ? Cela peut sembler anodin, mais cette simplicité est justement sa force.
La douceur, ce n’est pas ignorer le chaos ou le déni de la souffrance, c’est trouver un langage pour l’apprivoiser. Anne Dufourmantelle nous rappelle que c’est une forme d’engagement face à l’urgence : « La douceur est une ouverture au risque de l’autre. » Face aux brutes de ce monde, être doux est un acte presque révolutionnaire. Une main tendue quand tout pousse à fermer le poing.
Il ne s’agit bien évidemment pas seulement de croquer dans un carré de chocolat ou d’écouter Clara Ysé, bien que ces expériences soient en elles-mêmes salvatrices. Il s’agit plutôt de reconsidérer la douceur comme une philosophie, une stratégie, un mode d’être. Elle est une main sur l’épaule, une phrase qui console, une chanson qui élève, un sourire inattendu. Elle est, peut-être, le seul antidote au tumulte.
Et si, pour paraphraser Dufourmantelle, risquer la douceur était la seule manière d’être véritablement vivant ? En ce monde brutal, où la rudesse semble la norme, rappelons-nous que chaque gramme de douceur compte. Parce qu’au fond, n’est-ce pas elle qui nous sauve ?
Bon dimanche,