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Gentleman rock

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Pour dire à nouveau à quel point la musique et la littérature sont liés, Philippe Lemaire a été inspiré par une biographie passionnante de Charlie Watts, batteur disparu des Stones. A lire avec le dernier album “Hackney Diamonds” en fond sonore !

Il était le point d’équilibre des Rolling Stones, parfait contrepoint aux égos de Mick Jagger et Keith Richards, sublimant leur écriture rock par son tempo jazzy décalé, comme à contretemps. On avait beau savoir tout cela, l’avoir déjà lu, écouté et observé, il a fallu la mort de Charlie Watts, le 24 août 2021, pour réaliser quel personnage rare et quel artiste unique il était. Nourrie des confidences de sa famille et de ses plus proches amis, sa biographie signée du critique rock anglais Paul Sexton recompose le puzzle de sa vie riche en paradoxes, complétant utilement l’abondante littérature dédiée au groupe.

HCR CHARLIEWATTS LIVC 1COUV DEFCelui que Jagger surnommait « le cogneur de Wembley » trainait les pieds à chaque tournée mais s’investissait à fond dans la scénographie des Stones. Il ne jurait que par les big bands à la Duke Ellington et le be-bop de Charlie Parker mais réinventait sans cesse le son du groupe sur sa batterie minimaliste, réduite à sept éléments. Admirateur des jazzmen les plus stylés, Charlie Watts poussait le mimétisme jusqu’à la maniaquerie. Son entourage le décrit en costume trois pièces et chaussures cirées arpentant le haras de sa femme Shirley ou encore tiré à quatre épingles dès le petit matin pour les sessions d’enregistrement en studio…

Son élégance n’était pas que vestimentaire. Au-delà de ses réparties lunaires, on découvre ses goûts éclectiques, son égale curiosité pour les musées ou le cricket, sa générosité pour tous ceux qu’il appréciait. Et surtout, abrité dans son monde, le batteur le plus aimé du grand cirque rock restait d’une invariable modestie. « Il n’avait pas du tout conscience de son talent », glisse son vieux pote bassiste Bill Wyman. « Je vais vous dire ce qu’il était : un putain de gentleman. Façon XVIIIe siècle », résume Keith Richards.

« Charlie Watts, l’anti rockstar », Paul Sexton, Harper Collins, 400 pages, 21,90€

 

Toutes les inspirations d’Ernest sont là.

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