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Voyageurs du monde

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Avant de vous envoler vers des destinations plus ou moins lointaines durant vos vacances, profitez des conseils de lecture de Frédéric Potier sur le thème du voyage, et de la découverte du monde.

Pour une fois, il ne sera question dans cette chronique ni d’élection présidentielle ni d’Ukraine…

L'an Zéro Du TourismeÀ tout seigneur tout honneur, commençons par signaler que David Medioni, fondateur d’Ernest a publié avec le sociologue Jean Viard un essai consacré au tourisme. Intitulé L’an zéro du tourisme. Penser l’avenir après la Grande Pandémie, cet ouvrage confectionné par les éditions de l’Aube avec le soutien de la Fondation Jean Jaurès (que des gens biens !) s’interroge sur le devenir d’un secteur clé pour l’économie mondiale qui doit faire face à des enjeux majeurs. Réduire l’empreinte environnementale, prendre en compte le réchauffement climatique, réconcilier les locaux et les voyageurs… il y a là des défis de taille. L’intérêt de cet opus est de refuser les caricatures et d’assumer la dimension humaniste du tourisme qui se fonde sur la curiosité, l’envie de découvre et de se laisser surprendre. Un rappel salutaire ! À lire donc dans votre train pour Biarritz ou votre vol pour Zagreb.

Vivre Sous La Menace Les Sans Papiers Et L Etat

Poursuivons en saluant le travail d’un jeune anthropologue, Stefan Le Courant, qui a publié récemment un ouvrage saisissant intitulé Vivre sous la menace. Les sans-papiers et l’Etat (Seuil), issu de sa thèse doctorale dédié à la politique migratoire de l’Etat en France et aux conséquences sur ceux qu’on appelle les migrants. Ce qui frappe le plus dans cette monographie, outre le sentiment de peur permanente, c’est l’impression d’arbitraire absolu. Les décisions prises à l’encontre des sans-papiers semblent échapper à toute forme de rationalité ce qui ne peut qu’inquiéter tous les citoyens attachés à la règle de droit. Une lecture utile, même si on peut ne pas partager toutes les convictions de l’auteur, qui nous laisse un arrière-goût amer de Kafka, sauf qu’il ne s’agit pas d’une fiction. À lire et utiliser dans le débat public, au moment où le gouvernement allemand rassemblant libéraux, écologistes et sociaux-démocrates annoncent vouloir régulariser 100 000 déboutés du droit d’asile.

CongoEnfin, pour prolonger un peu cette chronique placée sous le thème du voyage, je ne peux que vous recommander la version poche de Congo, d’Eric Vuillard, sorti en 2012 chez Actes Sud. On a déjà dit ici beaucoup de bien L’ordre du jour (Prix Goncourt 2017) et de Une sortie honorable (publié cette année). Vuillard excelle dans le récit historique et la mise en perspective. À partir d’un détail, d’un mot, d’un événement, cet auteur désormais reconnu vous entraîne dans les méandres de l’histoire économique mondiale. En l’occurrence, dans Congo, il s’agit du dépeçage de ce vaste territoire africain lors de la conférence de Berlin de 1884. Avec un style très personnel, les négociateurs avides de richesse ou d’expansion coloniale à tout prix y sont croqués avec férocité et leurs responsabilités politiques dûment pointées. Les horreurs du système colonial y sont mises à nu de façon implacable. Une petite merveille à ne pas manquer.

Bons voyages et bonnes vacances !

Tous les essais transformés de Frédéric Potier sont là.

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