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Les dames du lac

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Cette semaine sur ses genoux, Carole Zalberg accueille les deux dames du lac. Elle vous en dit plus de suite.

 

Seyvoz, comme son sujet – l’engloutissement, dans les années 50, d’un village pour construire un barrage, et les traces persistantes de cette catastrophe annoncée, planifiée, acceptée dans une sorte d’engourdissement ou de résignation face à la sacro-sainte modernité – repose sur la fusion des mondes. Les deux autrices s’avancent avec tout ce qui les fonde, leur curiosité, leur manière, leur regard, et se laissent chacune irriguer par l’autre. Le résultat est fluide et ludique, tout vibrant de leur joie évidente à travailler ensemble.
Sur les pas de Tomi Mortz, un ingénieur envoyé par son entreprise pour contrôler les installations du barrage, Maylis et Joy dévoilent sans asséner, recueillent les troubles, les persistances, les dérèglements dus au chantier qui, des décennies plus tôt, a tenté d’effacer un lieu au nom du développement, a aussi tué. Les notes franches, très concrètes, qu’elles soient techniques sur cet ouvrage hors normes, ou qu’elles concernent la routine de sommeil de Mortz, donnent de l’autorité au récit. Mais c’est dans l’invention d’une forme poreuse, ménageant des glissements, des fuites de sens et de temporalité, des mélanges subtils de langue, que le projet – documenter poétiquement le réel – montre sa pertinence et sa force. On verrait bien là le début d’un compagnonnage dédié, littéralement, à une collection.

Tous les livres aimés par Carole sont là.

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