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Tout est questionné

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Cette semaine sur les genoux de Carole Zalberg, un livre où les questions sont présentes. Elle nous raconte.

 

 

Les personnages de la semaine perpétuelle semblent pris dans le sortilège d’un monde qui n’est ni réel ni virtuel, une dimension enfantée par Internet et qui se reconstitue à mesure qu’on l’interroge. Dans cet espace où rien n’est stable, un père passe l’éponge sur tout et tous, sa fille se filme et se filtre pour échapper à la promiscuité, son fils se filme et se dit en un flux ininterrompu, la grand-mère gisante s’insinue dans ce qui l’entoure et ainsi se déploie. Eux et une poignée d’êtres se matérialisant sans logique, comme des apparitions ou la réponse à une inquiétude, ont en commun un téléphone quasi greffé au corps, un sésame. Et un joug. La recherche Google toujours à portée de doigts a rompu un pacte : il est impossible au peuple maudit du livre – dont la matière horrifique évoque Les Saisons tel que l’écrirait sans doute Maurice Pons aujourd’hui – d’accepter le monde sans en questionner le moindre fragment. Dès lors, comment lutter contre une anxiété constitutive du vivant ?

Comment  se « sentir » dans cette décomposition et recomposition perpétuelle, dans cette littéralité qui donne aux mots et même aux pensées un pouvoir performatif ? L’envoûtement qui tenait la plupart des humains hors de la folie s’est dissipé. Les objets pensent et les gens se brisent. L’information s’accumule, s’énumère comme on scrolle, sans limite ni sens. Et l’on ne peut plus échapper à la faute, qui nait chez l’un et est observée, validée par chacun. Ainsi, la souffrance animale, causée par certains, collectivement acceptée tant qu’on n’y met pas fin, hante ces lignes hallucinées, d’une effroyable et très vraisemblable beauté.

Laure Vazquez, la semaine perpétuelle, éditions du Sous-Sol

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