« Gray » est un roman policier palpitant, original et drôle qui se passe dans le milieu universitaire de Cambridge. Léonie Swann, l’auteur, est une virtuose de la plume. Elle offre avec délectation aux lecteurs deux personnages atypiques. D’une part ,un professeur anthropologue farfelu, maniaque, qui déteste le désordre : Augustus Huff. Et d’autre part, un perroquet gris du Gabon à la verbe formidable et un tant soit peu manipulateur : Gray.
Dès le départ, le lecteur se prend d’affection pour ce perroquet intelligent qui parle. Toujours avec le bon mot au bon moment, il crée de vrais fous-rires chez le lecteur. La vie de Huff, si bien réglée, va radicalement changer lorsqu’il découvre Gray, apeuré, dans la chambre d’Elliot Fairbanks, son maître. Ces deux-là vont s’apprivoiser. L’étudiant est retrouvé mort après une chute de plusieurs mètres. Huff, son tuteur, ne croit pas à l’accident, son étudiant étant un très bon grimpeur.
Cet oiseau était pour Elliot un objet d’observation précieux pour des études comportementales et linguistiques. Il reproduisait avec lui les expériences d’Irène Pepperberg, neurochimiste et éthologue américaine qui a prouvé l’intelligence des perroquets. Elle a démontré que ceux-ci sont réellement doués de parole et qu’ils comprennent ce qu’ils disent jusqu’à un certain niveau d’abstraction. Elle a ainsi montré que la réputation des perroquets de « répéter » sans comprendre le sens des mots était des plus fausses. Pour aller plus loin, son ouvrage : « The Alex Studies. Cognitive and Communicative Abilities of Grey Parrots », Cambridge Mass., Harvard University Press, 2000, 434 p. (ISBN 0-674-00051-X)
Un livre qui met de bonne humeur !
Avec Gray, il va mener l’enquête. Ingénieux, intuitif, observateur, chaque détail compte pour Huff y compris les propos pertinents de Gray : « Qu’est-ce qui est différent, qu’est-ce qui est pareil ? ». Ceux-ci vont le mettre sur la piste du premier indice : des photos compromettantes de professeurs et autres personnels du collège en situations délicates. Elliot était-il un maître-chanteur ? L’un d’eux a-t-il voulu se venger ? Le détective amateur remarque que le langage de Gray varie. De distingué, il devient grossier avec une intonation différente. Elliot souffrait-il d’un trouble dissociatif ? Un Elliot Jekyll et un Elliot Hyde, deux âmes qui cohabitent ? L’une d’elle avait-elle causé sa perte ? Également, les différents témoignages montrent plusieurs facettes de l’étudiant. Était-il le diable ? Et si le détective amateur avait tout faux ? Plus Huff va se rapprocher de la vérité, plus il va mettre en danger Gray. Leurs liens deviennent forts et indéfectibles. « Assassin ! Assassin ! Assassin ! », Gray sait. De sa voix, « Une étoile tombée du ciel », va éclater la vérité.
En refermant l’ouvrage, on a une envie subite d’adopter un perroquet et de vivre des liens forts avec cet animal si impressionnant. Mais l’auteur nous rappelle que la détention d’un perroquet représente une grande responsabilité pendant plusieurs décennies. Avant de franchir le pas, nous devons bien nous documenter et avoir mûrement réfléchi.
Biographie de l’auteur :
Léonie Swann est née près de Munich en 1975. Elle a étudié la philosophie, la psychologie et la littérature anglaise à Munich et à Berlin. Son premier roman « Qui a tué Glenn ? » (Édition Nil 2007 et édition 10-18 en 2020) a été un best-seller international.
Titre de l’ouvrage « Gray » – Date de parution : 28/05/2020 – Prix : 21 € – Nombre de pages : 432 – Editeur : Nil – Auteur : Leonie Swann – Traduit de l’allemand par Frédéric Weinmann