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J’ai d\u00e9nou\u00e9 la chambre o\u00f9 je dors, o\u00f9 je r\u00eave,
\nD\u00e9nou\u00e9 la campagne et la ville o\u00f9 je passe,
\nO\u00f9 je r\u00eave \u00e9veill\u00e9, o\u00f9 le soleil se l\u00e8ve,
\nO\u00f9, dans mes yeux absents, la lumi\u00e8re s’amasse.<\/p>\n
Monde au petit bonheur, sans surface et sans fond,
\nAux charmes oubli\u00e9s sit\u00f4t que reconnus,
\nLa naissance et la mort m\u00ealent leur contagion
\nDans les plis de la terre et du ciel confondus.<\/p>\n
Je n’ai rien s\u00e9par\u00e9 mais j’ai doubl\u00e9 mon coeur.
\nD’aimer, j’ai tout cr\u00e9\u00e9 : r\u00e9el, imaginaire.
\nJ’ai donn\u00e9 sa raison, sa forme, sa chaleur
\nEt son r\u00f4le immortel \u00e0 celle qui m’\u00e9claire.<\/p>\n
En vertu de l’amour<\/strong><\/em> <\/p>\n J’allais par des chemins perfides, Si p\u00e2le \u00e0 l’horizon lointain ; Nul bruit, sinon son pas sonore, Mon c\u0153ur craintif, mon sombre c\u0153ur Nous a r\u00e9unis dans la joie<\/p>\n <\/p>\n “La bonne chanson, ext XX<\/strong><\/em>“<\/em>, <\/strong> J\u2019\u00e9cris contre le vent majeur et n\u2019en d\u00e9plaise J\u2019\u00e9cris contre le vent majeur et que m\u2019importe Qu\u2019un tramway qui s\u2019en va toujours un peu t\u2019emporte Il n\u2019y a pas d\u2019amour qui ne soit notre amour Le soleil sans l\u2019amour c\u2019est la vie au hasard “Le rendez-vous perp\u00e9tuel” (extraits)<\/strong><\/em> Marche, Cherche, Tout l\u2019ignor\u00e9 Cherche “Ton po\u00e8me”<\/strong> D\u00e9j\u00e0 la vie ardente incline vers le soir, Garde ton \u00e2me ouverte aux parfums d’alentour, Combien s’en sont all\u00e9s de tous les coeurs vivants Combien s’en sont all\u00e9s qui ce soir sont pareils Ils n’ont pas r\u00e9pandu les essences et l’or – Toi, vis, sois innombrable \u00e0 force de d\u00e9sirs, M\u00eal\u00e9e aux jeux des jours, presse contre ton sein Et puis regarde fuir, sans regret ni tourment, <\/p>\n “Le temps de vivre”<\/strong><\/em><\/p>\n Anna de Noailles<\/strong><\/p>\n <\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n Elle \u00e9tait d\u00e9chauss\u00e9e, elle \u00e9tait d\u00e9coiff\u00e9e, Elle me regarda de ce regard supr\u00eame Elle essuya ses pieds \u00e0 l’herbe de la rive ; Comme l’eau caressait doucement le rivage ! <\/p>\n “Elle \u00e9tait d\u00e9chauss\u00e9e, elle \u00e9tait d\u00e9coif\u00e9e…” Les jolies femmes se demandent o\u00f9 se cache mon secret. J’entre dans une pi\u00e8ce Les hommes eux-m\u00eames se sont demand\u00e9 Quand je tente de leur montrer, Maintenant vous comprenez bien “Femme ph\u00e9nom\u00e9nale”<\/em><\/strong><\/p>\n Maya Ang\u00e9lou<\/em> <\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n \u00d4 toi d’o\u00f9 me vient ma pens\u00e9e, Quand je traverse cette lieue C’est l’heure o\u00f9 cent lampes en flammes Je sonde alors ta destin\u00e9e, Noble femme, reine asservie, Moi, je te connais tout enti\u00e8re Dieu lui donna tout, hors l’aum\u00f4ne Oui, ton aile, que le bocage, Bel ange, un joug te tient captive, Tu te sens prise par le monde Mais l’amour en secret te donne Flambeau qui se cache \u00e0 l’envie, L’amour te donne, \u00f4 douce femme, Et le sourire, et la caresse, Et les traits ch\u00e9ris d’un visage, Et les extases solitaires, Purs transports que la foule ignore, Va, s\u00e8che ton bel oeil qui pleure, Ce qui manque est bien peu de chose Laisse donc, \u00f4 ma douce muse, “Amour secret”<\/em> Dans le fronton d\u2019un temple antique, Dans la m\u00eame nacre fig\u00e9es, Au frais G\u00e9n\u00e9ralife \u00e9closes, Sur les coupoles de Venise Marbre, perle, rose, colombe, En se quittant, chaque parcelle Par de lentes m\u00e9tamorphoses, Les ramiers de nouveau roucoulent De l\u00e0 naissent ces sympathies Docile \u00e0 l\u2019appel d\u2019un ar\u00f4me, L\u2019on se souvient des r\u00eaveries Des baisers et des frissons d\u2019ailes L\u2019amour oubli\u00e9 se r\u00e9veille, Dans la nacre o\u00f9 le rire brille, Le ramier trouve une voix douce, Vous devant qui je br\u00fble et tremble, “Affinit\u00e9s secr\u00e8tes”,<\/strong><\/em> Toi l\u00e0 regarde-moi bien l\u00e0 avale-moi englobe mes histoires c’est beau des mois et soudain<\/p>\n la rafale<\/p>\n “Des frelons dans le coeur”,<\/strong><\/em> Vaste comme le temps<\/p>\n Tu es \u00e9tendue Vaste comme le temps<\/p>\n Aussi fatale Et moi vrill\u00e9 Sous ce ciel Je te noue \u00e0 ma faim J’arr\u00eate le temps<\/p>\n “Pour plus de lumi\u00e8re, recueil”,<\/strong><\/em> Connaissez-vous la rose-lune Connaissez-vous la rose-am\u00e8re Connaissez-vous la rose-crainte Toutes les roses que je chante “La rose du premier de l’an”,<\/em>
\nPaul Eluard (derniers po\u00e8mes d’amour)<\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nDouloureusement incertain.
\nVos ch\u00e8res mains furent mes guides.<\/p>\n
\nLuisait un faible espoir d’aurore
\nVotre regard fut le matin.<\/p>\n
\nN’encourageait le voyageur.
\nVotre voix me dit : \u00ab Marche encore ! \u00bb<\/p>\n
\nPleurait, seul, sur la triste voie ;
\nL’amour, d\u00e9licieux vainqueur,<\/p>\n
\nPaul Verlaine<\/strong>
\n<\/em><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\n\u00c0 ceux-l\u00e0 qui ne sont que des voiles gonfl\u00e9es
\nPlus fort souffle ce vent et plus rouge est la braise
\nL\u2019histoire et mon amour ont la m\u00eame foul\u00e9e<\/p>\n
\nCeux qui ne lisent pas dans la blondeur des bl\u00e9s
\nLe pain futur et rient que pour moi toute porte
\nNe soit que ton passage et tout ciel que tes yeux<\/p>\n
\nContre le vent majeur par un temps nuageux
\nJ\u2019\u00e9cris comme je veux et tant pis pour les sourds
\nSi chanter leur para\u00eet mentir \u00e0 mauvais jeu<\/p>\n
\nLa trace de tes pas m\u2019explique le chemin
\nC\u2019est toi non le soleil qui fais pour moi le jour
\nJe comprends le soleil au h\u00e2le de tes mains<\/p>\n
\nLe soleil sans l\u2019amour c\u2019est hier sans demain<\/p>\n
\nLouis Aragon<\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nN\u2019arr\u00eate pas de marcher
\nD\u2019ouvrir des portes
\nDe soulever des pierres
\nDe chercher dans les tiroirs de l\u2019ombre
\nDe creuser des puits dans la lumi\u00e8re<\/p>\n
\nN\u2019arr\u00eate pas de chercher
\nLes traces de l\u2019oiseau dans l\u2019air
\nL\u2019\u00e9cho dans le ravin
\nL\u2019incendie dans les neiges de l\u2019amandier<\/p>\n
\nLe cach\u00e9
\nL\u2019inconnu
\nLe perdu<\/p>\n
\nTu trouveras
\nLe mot et la couleur de ton po\u00e8me<\/p>\n
\n<\/em>Jean-Pierre Sim\u00e9on<\/strong>
\n<\/em><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nRespire ta jeunesse,
\nLe temps est court qui va de la vigne au pressoir,
\nDe l’aube au jour qui baisse.<\/p>\n
\nAux mouvements de l’onde,
\nAime l’effort, l’espoir, l’orgueil, aime l’amour,
\nC’est la chose profonde ;<\/p>\n
\nAu s\u00e9jour solitaire,
\nSans avoir bu le miel ni respir\u00e9 le vent
\nDes matins de la terre,<\/p>\n
\nAux racines des ronces,
\nEt qui n’ont pas go\u00fbt\u00e9 la vie o\u00f9 le soleil
\nSe d\u00e9ploie et s’enfonce !<\/p>\n
\nDont leurs mains \u00e9taient pleines,
\nLes voici maintenant dans cette ombre o\u00f9 l’on dort
\nSans r\u00eave et sans haleine.<\/p>\n
\nDe frissons et d’extase,
\nPenche sur les chemins, o\u00f9 l’homme doit servir,
\nTon \u00e2me comme un vase ;<\/p>\n
\nLa vie \u00e2pre et farouche ;
\nQue la joie et l’amour chantent comme un essaim
\nD’abeilles sur ta bouche.<\/p>\n
\nLes rives infid\u00e8les,
\nAyant donn\u00e9 ton c\u0153ur et ton consentement
\nA la nuit \u00e9ternelle…<\/p>\n
\nAssise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
\nMoi qui passais par l\u00e0, je crus voir une f\u00e9e,
\nEt je lui dis : Veux-tu t’en venir dans les champs ?<\/p>\n
\nQui reste \u00e0 la beaut\u00e9 quand nous en triomphons,
\nEt je lui dis : Veux-tu, c’est le mois o\u00f9 l’on aime,
\nVeux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?<\/p>\n
\nElle me regarda pour la seconde fois,
\nEt la belle fol\u00e2tre alors devint pensive.
\nOh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !<\/p>\n
\nJe vis venir \u00e0 moi, dans les grands roseaux verts,
\nLa belle fille heureuse, effar\u00e9e et sauvage,
\nSes cheveux dans ses yeux, et riant au travers<\/p>\n
\n<\/strong><\/em>Victor Hugo – Les contemplations<\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nJe ne suis pas mignonne, je n’ai pas la taille mannequin
\nMais quand je leur explique,
\nElles pensent que je mens,
\nJe dis,
\nC’est dans l’ampleur de mes bras,
\nLa taille de mes flancs,
\nL’allant de mes pas,
\nLa moue de mes l\u00e8vres.
\nJe suis une femme
\nPh\u00e9nom\u00e9nalement.
\nFemme ph\u00e9nom\u00e9nale,
\nC’est ce que je suis.<\/p>\n
\nD\u00e9contract\u00e9e \u00e0 souhait,
\nEt pour un homme,
\nIls se l\u00e8vent tous ou
\nTombent \u00e0 genoux.
\nPuis ils pullulent autour de moi,
\nEssaim d’abeilles butineuses.
\nJe dis,
\nC’est le feu de mes yeux,
\nEt l’\u00e9clat de mes dents,
\nLe swing de mes hanches,
\nEt la joie dans mes pieds.
\nJe suis une femme
\nPh\u00e9nom\u00e9nalement.
\nFemme ph\u00e9nom\u00e9nale,
\nC’est ce que je suis.<\/p>\n
\nCe qu’ils voient en moi.
\nMais ils ont beau essayer
\nIls ne peuvent pas toucher
\nMon myst\u00e8re int\u00e9rieur.<\/p>\n
\nIls ne voient toujours pas.
\nJe dis,
\nC’est dans l’arc de mes reins,
\nL’astre de mon sourire,
\nLa prestance de mes seins,
\nLa gr\u00e2ce de mon style.
\nJe suis une femme
\nPh\u00e9nom\u00e9nalement.
\nFemme ph\u00e9nom\u00e9nale,
\nC’est ce que je suis.<\/p>\n
\nPourquoi je ne courbe pas la t\u00eate.
\nJe ne crie pas, je ne saute pas partout
\nEt je n’ai pas besoin de parler vraiment fort.
\nQuand vous me voyez passer
\n\u00e7a devrait vous emplir de fiert\u00e9.
\nJe dis,
\nC’est dans le claquement de mes talons,
\nLa galbe de ma chevelure,
\nLa paume de mes mains,
\nLe besoin de mes bont\u00e9s.
\nCar je suis une femme
\nPh\u00e9nom\u00e9nalement.
\nFemme ph\u00e9nom\u00e9nale,
\nC’est ce que je suis.<\/p>\n
\nSois fi\u00e8re devant le Seigneur !
\nRel\u00e8ve ta t\u00eate abaiss\u00e9e,
\n\u00d4 toi d’o\u00f9 me vient mon bonheur !<\/p>\n
\nQui nous s\u00e9pare, au sein des nuits,
\nTa patrie \u00e9toil\u00e9e et bleue
\nRayonne \u00e0 mes yeux \u00e9blouis.<\/p>\n
\nBrillent aux c\u00e9lestes plafonds ;
\nL’heure o\u00f9 les astres et les \u00e2mes
\n\u00c9changent des regards profonds.<\/p>\n
\nJe songe \u00e0 toi, qui viens des cieux,
\nA toi, grande \u00e2me emprisonn\u00e9e,
\nA toi, grand coeur myst\u00e9rieux !<\/p>\n
\nJe r\u00eave \u00e0 ce sort envieux
\nQui met tant d’ombre dans ta vie,
\nTant de lumi\u00e8re dans tes yeux<\/p>\n
\nEt je te contemple \u00e0 genoux ;
\nMais autour de tant de lumi\u00e8re
\nPourquoi tant d’ombre, \u00f4 sort jaloux ?<\/p>\n
\nQu’il fait \u00e0 tous dans sa bont\u00e9 ;
\nLe ciel qui lui devait un tr\u00f4ne
\nLui refusa la libert\u00e9.<\/p>\n
\nQue l’air joyeux r\u00e9clame en vain,
\nSe brise aux barreaux d’une cage,
\nPauvre grande \u00e2me, oiseau divin !<\/p>\n
\nCent pr\u00e9jug\u00e9s sont ta prison,
\nEt ton attitude pensive,
\nH\u00e9las, attriste ta maison.<\/p>\n
\nQui t’\u00e9pie, injuste et mauvais.
\nDans ton amertume profonde
\nSouvent tu dis : si je pouvais !<\/p>\n
\nCe qu’il a de pur et de beau,
\nEt son invisible couronne,
\nEt son invisible flambeau !<\/p>\n
\nQui luit, splendide et clandestin,
\nEt qui n’\u00e9claire de la vie
\nQue l’int\u00e9rieur du destin.<\/p>\n
\nCes plaisirs o\u00f9 rien n’est amer,
\nEt ces regards o\u00f9 toute l’\u00e2me
\nAppara\u00eet dans un seul \u00e9clair,<\/p>\n
\nL’entretien furtif et charmant,
\nEt la m\u00e9lancolique ivresse
\nD’un ineffable \u00e9panchement,<\/p>\n
\nOmbre qu’on aime et qui vous suit,
\nQu’on voit le jour dans le nuage,
\nQu’on voit dans le r\u00eave la nuit,<\/p>\n
\nQuand tous deux nous nous asseyons
\nSous les rameaux pleins de myst\u00e8res
\nAu fond des bois pleins de rayons ;<\/p>\n
\nEt qui font qu’on a d’heureux jours
\nTant qu’on peut esp\u00e9rer encore
\nCe dont on se souvient toujours.<\/p>\n
\nTon sort n’est pas d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9.
\nTa part est encor la meilleure,
\nNe te plains pas, \u00f4 ma beaut\u00e9 !<\/p>\n
\nQuand on est au printemps vermeil,
\nEt quand on vit comme la rose
\nDe parfums, d’ombre et de soleil.<\/p>\n
\nSans le regretter un seul jour,
\nCe que le destin te refuse
\nPour ce que te donne l’amour !<\/p>\n
Victor Hugo<\/span><\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nDeux blocs de marbre ont, trois mille ans,
\nSur le fond bleu du ciel attique
\nJuxtapos\u00e9 leurs r\u00eaves blancs\u00a0;<\/p>\n
\nLarmes des flots pleurant V\u00e9nus,
\nDeux perles au gouffre plong\u00e9es
\nSe sont dit des mots inconnus\u00a0;<\/p>\n
\nSous le jet d\u2019eau toujours en pleurs,
\nDu temps de Boabdil, deux roses
\nEnsemble ont fait jaser leurs fleurs\u00a0;<\/p>\n
\nDeux ramiers blancs aux pieds ros\u00e9s,
\nAu nid o\u00f9 l\u2019amour s\u2019\u00e9ternise
\nUn soir de mai se sont pos\u00e9s.<\/p>\n
\nTout se dissout, tout se d\u00e9truit\u00a0;
\nLa perle fond, le marbre tombe,
\nLa fleur se fane et l\u2019oiseau fuit.<\/p>\n
\nS\u2019en va dans le creuset profond
\nGrossir la p\u00e2te universelle
\nFaite des formes que Dieu fond.<\/p>\n
\nLes marbres blancs en blanches chairs,
\nLes fleurs roses en l\u00e8vres roses
\nSe refont dans des corps divers.<\/p>\n
\nAu c\u0153ur de deux jeunes amants,
\nEt les perles en dents se moulent
\nPour l\u2019\u00e9crin des rires charmants.<\/p>\n
\nAux imp\u00e9rieuses douceurs,
\nPar qui les \u00e2mes averties
\nPartout se reconnaissent s\u0153urs.<\/p>\n
\nD\u2019un rayon ou d\u2019une couleur,
\nL\u2019atome vole vers l\u2019atome
\nComme l\u2019abeille vers la fleur.<\/p>\n
\nSur le fronton ou dans la mer,
\nDes conversations fleuries
\nPr\u00e9s de la fontaine au flot clair,<\/p>\n
\nSur les d\u00f4mes aux boules d\u2019or,
\nEt les mol\u00e9cules fid\u00e8les
\nSe cherchent et s\u2019aiment encor.<\/p>\n
\nLe pass\u00e9 vaguement rena\u00eet,
\nLa fleur sur la bouche vermeille
\nSe respire et se reconna\u00eet.<\/p>\n
\nLa perle revoit sa blancheur\u00a0;
\nSur une peau de jeune fille,
\nLe marbre \u00e9mu sent sa fra\u00eecheur.<\/p>\n
\nEcho de son g\u00e9missement,
\nToute r\u00e9sistance s\u2019\u00e9mousse,
\nEt l\u2019inconnu devient l\u2019amant.<\/p>\n
\nQuel flot, quel fronton, quel rosier,
\nQuel d\u00f4me nous connut ensemble,
\nPerle ou marbre, fleur ou ramier\u00a0?<\/p>\n
\nTh\u00e9ophile Gautier<\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nRegarde-moi bien
\nmes yeux te crient
\nde t’y plonger<\/p>\n
\nma bouche te voit
\nravaler ta salive
\ntu n’oses pas m’enlacer<\/p>\n
\nl\u00e0<\/p>\n
\nsuce bien mes grimoires
\nj’ai besoin qu’on me vide
\nde mon essence am\u00e8re<\/p>\n
\nles corps qui se reconnaissent<\/p>\n
\ndes ann\u00e9es
\nrien<\/p>\n
\nSuzanne Rault-Balet<\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nDans la nuit
\nSous un ciel
\nTous fr\u00e9missant
\nd’\u00e9toiles<\/p>\n
\nN’ayant
\nComme lui
\nNulle fronti\u00e8re<\/p>\n
\nPar l’incessant
\nRetour de la faim<\/p>\n
\nCribl\u00e9 d’\u00e9toiles<\/p>\n
\nJ’\u00e9tends tes cercles<\/p>\n
\nCharles Juliet<\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n
\nConnaissez-vous la rose-temps
\nL’autre ressemble autant \u00e0 l’une
\nQue dans le miroir de l’\u00e9tang
\nL’une \u00e0 l’autre se refl\u00e9tant<\/p>\n
\nFaite de sel et de refus
\nCelle qui fleurit sur la mer
\nEntre le flux et le reflux
\nComme l’arc apr\u00e8s qu’il a plu
\nLa rose-songe et la rose-\u00e2me
\nPar bottes au march\u00e9 vendues
\nLa rose-jeu la rose-gamme
\nCelle des amours d\u00e9fendues
\nEt la rose des pas perdus<\/p>\n
\nConnaissez-vous la rose-nuit
\nToutes les deux qui semblent peintes
\nComme \u00e0 la l\u00e8vre est peint le bruit
\nComme \u00e0 l’arbre est pendu le fruit<\/p>\n
\nToutes les roses de mon choix
\nToutes les roses que j’invente
\nJe les vante en vain de ma voix
\nDevant la Rose que je vois.<\/p>\n
\nLouis Aragon, Elsa<\/strong><\/p>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>","max_pages":4}